Quelles langues pour l’export?

L’entreprise, dans un monde de compĂ©tition globale, d’Ă©quipes multinationales et de dĂ©veloppement export, doit intĂ©grer une rĂ©flexion sur le choix des langues Ă©trangĂšres et de leurs usages et aboutir Ă  la crĂ©ation d’une stratĂ©gie langue pour l’entreprise. Elle valide aussi les dĂ©cisions en formation et recrutement Ă  l’export / l’import.

1- Se poser de bonnes questions


  • L’anglais est-il vraiment la langue universelle des affaires ?
  • Comment recruter un Ă©tranger ?
  • Le management interculturel est-il effectif ?
  • Quelle stratĂ©gie pays pour une PME ?
  • Motivation d’un expat ?
  • Embaucher des locaux ou expatrier son personnel ?
  • E-learning, gadget marketing ou solution de formations pour expatriĂ©s et voyageurs ?
  • Niveaux de langue et efficacitĂ© / utilitĂ© ?
  • Une formation pour qui dans l’entreprise ?
  • Comment dĂ©mystifier la barriĂšre de la langue ?
  • Vos formations langues sont-elles efficaces ?
  • Quelles langues choisir ?
  • OĂč trouver un coach « langues »
  • Comment planifier les cours pour une efficacitĂ© maximum ?
  • Pouvez vous citez trois obstacles Ă  l’apprentissage des langues ?
  • La formation langue est-elle chĂšre ?
  • Que faut-il traduire ?
  • Comment motiver ses collaborateurs ?
  • Votre entreprise est-elle nulle en langues ? »
  • Pourquoi dĂ©velopper le multilinguisme ?
  • Former ou recruter ?
  • Comment anticiper un nouveau marchĂ© avec une formation langue ?
  • Mais surtout, et recommandĂ©e par la commission europĂ©enne, une stratĂ©gie langues a-t-elle Ă©tĂ© Ă©tablie dans l’entreprise ?

2- Sortir de la bulle classique ambiante

Cet excellent article du blog de mosalingua rĂ©sume trĂšs bien une stratĂ©gie classique grand public de choix fondĂ©e sur ces trois critĂšres:

  • Sa diffusion dans le monde
  • Son intĂ©rĂȘt du point de vue Ă©conomique et politique
  • La proximitĂ© gĂ©ographique de son pays d’origine.

Mais de nombreuses contraintes (mondialisation, marchĂ©s visĂ©s, taille de l’entreprise
.) nous obligent Ă  dĂ©passer cette approche… grand public !

3- Premiers piĂšges, PremiĂšres pistes…

On privilĂ©gie essentiellement (en dehors de celles natives) l’anglais et quelques grandes langues officielles de l’ONU de type intercontinentales dans les Ă©changes internationaux, mais attention aux piĂšges:

  • English is not enough. Langue souvent gĂ©nĂ©rique et Ă  l’usage souvent au format « global English », mais Ă©ventuel vecteur d’incomprĂ©hension et de dĂ©formation sĂ©mantique et surtout une barriĂšre Ă  la dĂ©couverte interculturelle. L’essor des traductions automatiques directes entre langues entament aussi progressivement son influence. L’anglais-la-langue-des-affaires? Vraiment?
  • Le nombre de locuteurs n’est pas toujours le meilleur critĂšre, car c’est la langue du client qui donne l’avantage concurrentiel
  • Certains mĂ©tiers ou secteurs peuvent demander l’usage d’une langue (aĂ©ronautique, technique, spatial…) avec de l’anglais, du russe ou de l’allemand, mais attention Ă  la rĂ©alitĂ© du terrain (anglais des hĂŽtesses, anglais amĂ©ricain/versus britannique…) et aux langues plus rares nĂ©cessaires dans l’action humanitaire
  • Attention aux lieux communs (les Indiens parlent tous anglais, les Suisses, français…)
  • Les variantes pays (Russe en Ukraine, cantonais en Chine, caractĂšres traditionnels Ă  TaĂŻwan, français au Canada…) et l’importance des diasporas dans certains secteurs sont piĂ©geurs
  • Langues de l’export, confĂ©rences, mĂ©dias ou de communication interne de groupes ? Quel usage ?
  • Souvent Ă  la traĂźne, l’hindi, portugais et le japonais aux pays Ă©conomiquement trĂšs actifs ne sont pas du tout Ă  nĂ©gliger

4- Quelle entreprise ĂȘtes-vous ?

La dimension et le degrĂ© d’internationalitĂ© sont des critĂšres dĂ©terminants dans le choix des langues. D’un cĂŽtĂ©, l’entreprise internationale implantĂ©e dans le monde entier pour laquelle la langue du client est celle du pays (Coca-cola ne vous vendra pas sa boisson en anglais en Allemagne et de l’autre cĂŽtĂ© des entreprises qui, par leur dimension et leur implantation, ont des ressources limitĂ©es et doivent faire des choix linguistiques rĂ©ducteurs.

Pour les grandes entreprises internationales mĂȘme l’option de la langue du client pour tous ses marchĂ©s est source de questionnements en raison du multilinguisme local frĂ©quent et des sensibilitĂ©s internes de chaque pays (quelle est la langue du client en Ukraine (Ukrainien, russe…), en Chine (mandarin, cantonais…) en Belgique ou dans les pays arabes ? Le choix d’une langue vĂ©hiculaire de communication interne (surtout l’anglais actuellement) n’est pas socialement neutre et facile Ă  mettre en Ɠuvre et induit des comportements complexĂ©s peu motivants pour les locaux nuisant au bon fonctionnement de l’entreprise.

4- Des problématiques économiques à résoudre

La plupart des entreprises doivent faire des choix difficiles comme par exemple:

  • Faut-il privilĂ©gier un marchĂ© plus petit, mais moins concurrentiel avec une langue plus rare nĂ©gligĂ©e par la concurrence ?
  • Efficace de faire l’impasse de l’allemand en Allemagne et utiliser une langue par dĂ©faut l’anglais avec son impact commercial rĂ©duit et les distorsions engendrĂ©es par le syndrome du tĂ©lĂ©phone arabe (le français traduit en anglais que l’allemand retraduit dans sa langue natale) et la Coupure interculturelle qu’il en rĂ©sulte ?
  • Prospecter les marchĂ©s anglophones et espagnols parce que l’éducation nationale ne produit que des locuteurs de ces langues ?
  • Comment former en interne avec l’absence rĂ©currente d’effectif dans les TPE oĂč chaque heure de formation pĂšse lourd sur l’organisation du travail et l’idĂ©e du risque de voir son personnel partir une fois formĂ© (voir les motivations de formation pour «booster» le CV ou afficher un meilleur profil sur linkedin ou viadeo de la gĂ©nĂ©rationY)?
  • Embaucher des Ă©quipes multilingues ou Ă©trangĂšres avec une augmentation des charges et l’épĂ©e de DamoclĂšs de la rigiditĂ© sociale Ă  la française en face de marchĂ©s fluctuants et incontrĂŽlables et les dĂ©calages culturelles de l’organisation du travail.
  • Comment investir en personnel compĂ©tent et dĂ©penses de prospection sur le long terme quand les entreprises françaises sont les moins performantes d’Europe en terme d’autofinancement ?

La connaissance des marchĂ©s, l’objectivitĂ©, une remise en cause de ses certitudes et mĂ©thodes et le simple bon sens sont Ă  cultiver pour rĂ©pondre Ă  ces interrogations. Il n’y a pas de «recettes miracles» et chaque entreprise est un cas unique Ă  la stratĂ©gie linguistique personnalisĂ©e (quand elle existe !).

Pour les PME leur stratĂ©gie Ă  l’international est conditionnĂ©e par plusieurs variables comme :

  • Le nombre de pays de prospection envisagĂ© aujourd’hui et demain
  • L’analyse des espaces linguistiques des marchĂ©s choisis La structure de commercialisation (filiales, agents, ventes en ligne…).
  • Le degrĂ© d’intervention technique (SAV, chantiers…)
  • Les effectifs disponibles ou envisagĂ©s et leurs motivations linguistiques.
  • La volontĂ© effective de ses dirigeants de prendre des risques nouveaux
  • La comprĂ©hension et familiaritĂ© avec le plurilinguisme et l’environnement hostile français
  • La situation financiĂšre de l’entreprise, est-elle capable d’investir pour un retour d’investissement Ă  cinq ans ?
  • Sa capacitĂ© Ă  mener un projet « long terme »
  • Sa taille et sa capacitĂ© Ă  grandir
  • La capacitĂ© des gestionnaires Ă  dĂ©lĂ©guer et dĂ©centraliser
  • Sa sensibilitĂ© interculturelle la capacitĂ© de fidĂ©liser son Ă©quipe pour Ă©viter le turnover
  • Contrainte de l’approche « marchĂ© » c’est-Ă -dire une prĂ©sĂ©lection objective des marchĂ©s Ă  prospecter qui impose alors un choix de langues.

IdĂ©alement l’exportateur choisira sa cible sans se prĂ©occuper des contraintes gĂ©ographiques en imaginant, par exemple, que le monde entier parle une seule langue (jeu de rĂŽle intĂ©ressant Ă  faire dans votre entreprise pour une nouvelle vision de l’export). Il adaptera ensuite son Ă©quipe (recrutement, formation) en fonction des besoins en langue des pays visĂ©s.

Dans la pratique la PME peut avoir la tentation du choix de ses marchĂ©s en fonction des capacitĂ©s linguistiques de son personnel en particulier pour l’encadrement. Il s’ajoute ainsi Ă  l’effet rĂ©ducteur de taille une nouvelle contrainte. Des difficultĂ©s de recrutement (localisation gĂ©ographique n’attirant pas les cadres multilingues, difficultĂ© de recrutement des personnels Ă©trangers ciblĂ©s, crainte de dirigeants de perdre leur leadership en raison de leur faiblesse en langues Ă©trangĂšres, prix de marchĂ© d’acteurs de l’export…) peuvent aussi Ă©loigner l’entreprise d’une approche marketing classique. Le souci de ne pas s’Ă©loigner trop loin de sa base (fatigue des voyages, coupure hiĂ©rarchique, urgence des problĂšmes internes, cultures trop diffĂ©rentes
) est caractĂ©ristique Ă©galement des exportateurs français et conditionne le choix des langues. En rĂ©alitĂ© les langues sont si diverses en Europe que l’exportateur se limitera souvent Ă  une langue, l’anglais, rĂ©ductrice en terme d’efficacitĂ© commerciale (sauf en Irlande ou au Royaume-uni voir Malte !).

En moyenne les exportateurs français exportent dans deux pays diffĂ©rents seulement et proche (Europe) ou familier par la langue ou les liens culturels (Afrique, Belgique
). Les dĂ©cisions de sĂ©lection parfois prises dans l’urgence (tu as lu dans «classe export», il y a un nouveau marchĂ©…) ou dans la fiĂšvre de l’action sur un salon international suite Ă  la visite d’un client exotique ou le coup de cƓur accompagnant des vacances en ThaĂŻlande ne militent pas pour une mise en Ɠuvre efficace de choix linguistiques Ă  long terme.

5- Export et taille d’entreprise

Bien comprendre que l’idĂ©al restera toujours l’usage de la langue du client, mais que selon sa taille et son dĂ©veloppement export, on Ă©voluera de l’anglais langue de dĂ©pannage Ă  toute la palette possible des langues utiles.

La dimension de l’entreprise est un critĂšre majeur dans un choix des langues de l’export. Une PME Ă  l’effectif rĂ©duit obligera son Ă©quipe export Ă  un effort plus important dans l’apprentissage des langues et Ă  un multilinguisme Ă©prouvant avec des absences pour formation handicapantes. De plus, comment conserver son assistant ou son commercial trilingue (voir quadrilingue) dans une modeste structure face aux avantages et aux sirĂšnes des trĂšs grandes sociĂ©tĂ©s ? Comment valoriser la PME française pour un salariĂ© Ă©tranger ? Une utilisation optimale des ressources internes de l’entreprise (prĂ©sence d’étrangers dans l’effectif) est toutefois une Ă©vidence, mais dans le cadre d’une prospection pays raisonnĂ©e.
Une modeste dimension d’entreprise exportatrice n’est pas, malgrĂ© tout, toujours un frein au dĂ©veloppement Ă  L’export. La vente en ligne, la sous traitance commerciale Ă  des sociĂ©tĂ©s d’importation, l’usage de sociĂ©tĂ©s de portage, l’emploi en temps partagĂ© ou des regroupements en entitĂ©s spĂ©cialisĂ©es Ă  l’export, le recours Ă  des structures d’accompagnement (Ubifrance, Oseo, Cci
et surtout les sociĂ©tĂ©s indĂ©pendantes comme celles affiliĂ©es Ă  l’OSCI) ou l’affiliation Ă  des «clusters» ou pĂŽles de compĂ©titivitĂ© sont des moyens de rĂ©duire le handicap de la taille. De plus des niches trĂšs pointues ne demandent pas des structures importantes (un artisan spĂ©cialiste mondial de restauration de tableau). Un exemple : des sociĂ©tĂ©s de traduction en ligne Ă  effectif rĂ©duit disposant d’un rĂ©seau mondial de correspondants locuteurs natifs Ă  l’étranger et pouvant travailler ainsi dans toutes les langues.

Toutefois, une taille moyenne ou grande est un atout certain. La structure des entreprises allemandes reconnues performantes Ă  l’export rĂ©vĂšle une forte disparitĂ© avec les Françaises par le nombre Ă©levĂ© de moyennes entreprises. Celles-ci ont plus d’effectif, de moyens et de temps pour des politiques Ă  long et moyen termes et peuvent recruter plus de collaborateurs multilingues.
Mais il est certain qu’une politique de fusion de PME ou de leurs services commerciaux est indispensable pour atteindre une taille critique pour l’embauche de collaborateurs multilingues et une synergie efficace permettant de prospecter plus de marchĂ©s en particulier les plus lointains qui actuellement sont le plus en croissance. Le caractĂšre franco-français et indĂ©pendant des PME françaises n’encourage pas cette ligne de conduite. De plus celles-ci sont souvent focalisĂ©es sur leur pĂ©rennitĂ© en raison de l’Ăąge actuel de leurs dirigeants (droits de succession
 revente; 900000 entreprises seront Ă  vendre d’ici Ă  15 ans) ou leur faible marge de manƓuvre (autofinancement rĂ©duit, rĂ©sultats en berne
).

Pour retrouver une France fortement exportatrice une politique de conseils et d’assistance (efficaces) des organismes publics et semi-publics ne suffira pas. Une action plus volontariste avec une forte prĂ©sence de Français Ă  l’Ă©tranger semble nĂ©cessaire.

6- Langue et secteur d’activitĂ©

Les besoins en langue diffĂšrent Ă©galement selon votre activitĂ©. Un constructeur de centrale nuclĂ©aire n’a pas la mĂȘme approche qu’un fabricant de piscine ou qu’un vigneron. Le secteur informatique, impose, par exemple, l’usage de l’anglais. Une touche de français dans la mode ou le vin est chic et vos interlocuteurs peuvent parfois parler français pour leur voyage en France, par attirance culturelle ou par snobisme. Petite anecdote : les 16 chiens policiers achetĂ©s en Allemagne en renfort pour les jeux olympiques de Londres ne comprenant pas l’anglais des policiers britanniques ont contraint ceux-ci Ă  apprendre de l’allemand. Celle-ci est aussi une langue habituelle dans le dressage des fauves. Il n’est toutefois peut-ĂȘtre pas indispensable de parler latin pour vendre au Vatican
 :).

Attention aux croyances comme dans l’aĂ©ronautique. Toutes les hĂŽtesses et stewards du monde ne sont pas « fluent » en anglais…

7- Rayon d’action, zones d’intervention, proximitĂ©

Une contrainte physique (Ă©loignement, effectif limitĂ©, choix d’absences moins longues, investissements voyages rĂ©duits, dĂ©calages horaires, soucis de perte de contrĂŽle, le choix d’axe de voyages homogĂšnes ou par zones de rapprochement culturel, dĂ©calage horaire
) et une rĂ©partition logique de sphĂšres de responsabilitĂ© peuvent dĂ©finir des zones opĂ©rationnelles dans lesquelles les problĂ©matiques de langues sont diffĂ©rentes. Un exemple ces cinq grandes zones d’intervention qui peuvent constituer une base de rĂ©flexion avec une zone AmĂ©rique aux langues utilisables rĂ©duites (anglais, espagnol, portugais, français), une Europe proche, mais aux multiples langues, une zone Moyen-Orient-Inde
 oĂč l’anglais comme langue vĂ©hiculaire peut satisfaire beaucoup de besoins, une zone pacifique cohĂ©rente en raison du dĂ©calage horaire


La quĂȘte de nouveaux marchĂ©s et une mondialisation des Ă©changes demandent aujourd’hui Ă  l’exportateur une vision Ă  long terme et une planification d’une stratĂ©gie langue et de son plan d’investissement pour prĂ©parer dĂšs maintenant le futur.

Un découpage langues pour cerner les besoins et faire des choix zone par zone.

Fond de carte offert par le centre gĂ©ographique de l’acadĂ©mie d’Aix-Marseille

8- L’usage des langues

Le choix des langues ne se rĂ©sume pas Ă  une liste de langages, mais aussi Ă  l’analyse des besoins rĂ©els pour dĂ©terminer le niveau nĂ©cessaire Ă  atteindre. Il ne s’agit pas d’atteindre pour toute une hypothĂ©tique capacitĂ© linguistique fantasmĂ©e, mais de dresser un tableau concret et raisonnable des objectifs Ă  atteindre par paliers successifs. Il est important, Ă  mon sens, de former le maximum d’intervenants aux langues Ă©trangĂšres dans le contexte d’une Ă©conomie internationale pour un environnement psychologique favorable (en particulier la cassure France/export voir la rubrique sociĂ©tal) et une meilleure efficacitĂ© export. Mais il n’est pas nĂ©cessaire non plus d’avoir une entreprise entiĂšrement bilingue! Une simple base est dĂ©jĂ  un atout !

Pour l’image et l’efficacitĂ© d’une entreprise une formation langue minimum permet par exemple : Un accueil et une orientation vers le bon interlocuteur lors d’un appel tĂ©lĂ©phonique Un planning correct et une aide potentielle pour la logistique (transporteurs Ă©trangers) Une facilitĂ© de dĂ©placement et une meilleure autonomie pour les Ă©quipes techniques Une capacitĂ© de recherches d’informations sur le web. Une communication amĂ©liorĂ©e pour les rĂ©servations hĂŽteliĂšres, dĂ©placements, rendez-vous…

Cette capacitĂ© minimum peut s’acquĂ©rir en 1 ou 2 annĂ©es : (fondamentaux et conversations spĂ©cifiques). Pour des commerciaux, par exemple, une base de langue permet une autonomie de dĂ©placement qui lui permet de sortir des sentiers battus et de rĂ©duire le stress des simples actes de la vie courante Ă  l’étranger (acheter un billet de train en Russie ou manger au restaurant en Italie autre chose que des pizzas… :). Bien des exportateurs sont ainsi prisonniers du couloir anglo-saxon (aĂ©roport + hĂŽtel international + duty free shops + taxi hors de prix, voir Macdonald’s pour certains anglo-saxons…;); restriction qui les isole Ă©galement de la comprĂ©hension de la culture locale.

Selon l’activitĂ© ou la structure commerciale nĂ©cessaire, nous pouvons privilĂ©gier le dĂ©veloppement linguistique par une approche verticale (une personne plusieurs langues) ou horizontale (plusieurs personnes, une langue) ou combinaison des deux par formation ou recrutement. Chaque approche ayant ses avantages et inconvĂ©nients comme la fragilitĂ© de l’entreprise en cas de dĂ©part d’un commercial unique multilingue ou les coĂ»ts ou la gestion d’une Ă©quipe commerciale Ă©toffĂ©e.
Il est aussi utile d’Ă©tudier la capacitĂ© rĂ©elle de vos interlocuteurs et l’usage de leurs langues Ă©trangĂšres. Exemple de la CorĂ©e du Sud et de l’anglais.

9- Nombre de langues

Il dĂ©pend de la zone d’intervention (nombres faibles pour les AmĂ©riques avec l’espagnol, l’anglais, le portugais et le Français, mais important avec l’Europe), des potentiels linguistiques des Ă©quipes, des cibles choisies et du volontarisme de l’exportateur.
La commission europĂ©enne est aussi une bonne source d’information sur l’Ă©tude et le besoin en langues Ă©trangĂšres et le nombre minimum de langues prĂ©conisĂ©es.
la rĂšgle d’or est actuellement une langue maternelle + 2
Ce qui semble une performance en France est souvent banale en Afrique, Asie
 Pour rappel, trois langues Ă©trangĂšres au Danemark au LycĂ©e ! Le français et l’anglais ne semblent pas contestable (mais pourquoi en premiĂšre langue ?). Par contre, le choix majoritaire espagnol (avec tout le respect pour la langue natale de notre collaboratrice chilienne) me semble incongru. Une plus grande diversitĂ© doit ĂȘtre promue dans l’enseignement et je recommande mĂȘme des classes de dĂ©couverte (pendant un mois par exemple) des nombreuses langues de la communautĂ© europĂ©enne par solidaritĂ©, dĂ©couverte de l’Europe et sensibilisation pour un futur emploi.

Dans une Europe Ă©largie je prĂ©conise une langue maternelle +3
 ce qui est tout Ă  fait accessible si l’on ne demande pas des niveaux identiques de maĂźtrise. Comme toujours les PME auront besoin de trilingues voir quadrilingues, mais ceux-ci ne sont ils pas « trustĂ©s » par des entreprises plus grandes ?

Combien de langues peut-on apprendre ?  Zamenhof le crĂ©ateur de l’espĂ©ranto connaissait onze langues. Quatre Ă  cinq langues n’est pas un objectif irrĂ©alisable dans la durĂ©e et accessible Ă  tous en particulier parce qu’il n’est pas nĂ©cessaire de maĂźtriser les langues pour un usage utile.

Les langues de l’export, c’est aussi le jargon technique et les sigles d’organismes d’aide Ă  l’export comme SAE (sociĂ©tĂ© d’aide Ă  l’export), OSCI (opĂ©rateurs spĂ©cialisĂ©s du commerce international), SCI (sociĂ©tĂ© de commerce international, SAI (sociĂ©tĂ© d’accompagnement Ă  l’international) tradexperts la dĂ©finition des divers professionnels de l’export interex.fr glossaire des termes techniques export eur-export.com le site d’autoformation Ă  l’export< et l’excellent dico du commerce international

10- StratĂ©gie « langues » en entreprise

Une stratĂ©gie de gestion linguistique est un ensemble de mesures et de techniques adoptĂ©es par une entreprise pour surmonter les Ă©cueils linguistiques et culturels pouvant survenir lors de l’ouverture ou de l’expansion Ă  de nouveaux marchĂ©s Ă©trangers.
Cette stratĂ©gie couvre les problĂšmes de communication spĂ©cifiques au marchĂ© en question. Bon nombre de ces mĂ©thodes peuvent ĂȘtre transposĂ©es Ă  d’autres marchĂ©s. Au fur et Ă  mesure que les entreprises pĂ©nĂštrent sur de nouveaux marchĂ©s, elles tendent Ă  adapter leur stratĂ©gie aux nouveaux besoins linguistiques et culturels qui en dĂ©coulent.À quoi ressemble une bonne gestion linguistique?
Une bonne stratégie de gestion linguistique se caractérise par une combinaison ciblée de divers éléments. (avec extrait du guide communiquer efficacement de la commission européenne:

  • utilisation d’agents locaux pour rĂ©soudre les problĂšmes linguistiques.
  • crĂ©ation des sites Internet adaptĂ©s Ă  chaque culture et/ou langue;
  • recours Ă  des audits linguistiques.
  • recours Ă  des traducteurs/interprĂštes professionnels.
  • traduction du matĂ©riel promotionnel, publicitaire ou technique.
  • organisation de formations linguistiques et de programmes d’information sur les particularitĂ©s culturelles.
  • offre de cours de langue en ligne.
  • Ă©laboration d’une stratĂ©gie pour la sĂ©lection et le recrutement du
    personnel.
  • soutien Ă  la mobilitĂ© du personnel, aux programmes d’aide entre collĂšgues et aux pĂ©riodes de dĂ©tachement.
  • crĂ©ation de liens avec les universitĂ©s locales

11- Communiquer efficacement dans le cadre de vos Ă©changes internationaux  

Ce guide, communiquer efficacement dans le cadre de vos Ă©changes internationaux, Ă©tabli par le service linguistique de la commission europĂ©enne, est une remarquable synthĂšse et contient tous les Ă©lĂ©ments de comprĂ©hension nĂ©cessaire pour rĂ©flĂ©chir Ă  sa stratĂ©gie langue. Il est d’autant plus percutant qu’il a Ă©tĂ© conçu pour toutes entreprises europĂ©ennes. Gratuit, choisir la version française Ă©ventuellement… 🙂

A tĂ©lĂ©charger Ă©galement, le Guide du multilinguisme en Europe  et lire l’article l’anglais, langues des affaires pour sortir du restrictif couloir anglo-saxon.

Documents européens remarquables, gratuits, dans toutes les langues européennes et ignorés en France:

À lire aussi

10 Most Important Business Languages in Global Market

Export : quelle langue faut-il maĂźtriser pour vendre Ă  l’international ? – Le Journal des Entreprises

Which language should I learn: German, French or Spanish? – Quoraï»ż

12- Linguistique appliquĂ©e Ă   l’exportation

C’est l’Ă©tude dĂ©taillĂ©e des langues dans un pays. Elle nous permet, alliĂ©e Ă  la connaissance de la culture, de connaitre les langages Ă   utiliser. Les ressources web, la lecture d’ouvrages dĂ©diĂ©s, le recours Ă  des spĂ©cialistes et le contact avec des locuteurs natifs vous guideront vers le bon choix. Or les situations linguistiques sont le plus souvent complexes entrĂ©s Ă©loignĂ©es du monolithisme Ă  la française.

Anecdote rĂ©vĂ©latrice: l’histoire de l’actrice indienne Kalki Koechlin d’origine française vivant en Inde depuis son enfance et parlant l’hindi avec un fort accent tamoul et contrainte de le modifier pour s’adapter aux canons du marchĂ© du cinĂ©ma indien. Il convient aussi de surveiller l’Ă©volution des langues dans un Pays. En Finlande le suĂ©dois langue officielle rĂ©gresse et le russe progresse (consĂ©quence du tourisme et de l’influence de son Ă©ternel grand voisin).
La «géolinguistique», un critÚre de sélection apparemment simple mais trompeur! Illustrons le propos!
Si les cas pris sont concrets, il ne s’agit pas ici d’études de marchĂ© complĂštes et rĂ©eelles mais d’un support pour la comprĂ©hension de la mĂ©thodologie et du raisonnement Ă   suivre pour rĂ©pondre Ă   la question: Quelle(s) langue(s) utilisĂ©e(s)?

Cas pratiques:

Cas 1 
Un fabricant de rĂ©servoir souple Ă  usage agricole: marchĂ© cible l’Ukraine
Article de Mme Lyudmila Pasko et illustrions offerte par le fabricant français Pronal

www.pronal.com

le marché Le marché agricole Ukrainien ou le marché du siÚcle
 Rappel de quelques réalités:

rfi.fr/europe ukraine-faute-moyen-tarde-devenir-le-grenier-europe l’information vraie sur l’Ukraine agricole et son Ă©ternel potentiel.

korrespondent.net/business/economics Investisseurs étrangers du secteur agricole en Ukraine: doutes et espoirs (texte en Russe).

ukrainelasaussaye.over-blog.com Des Français qui osent et qui se bougent
Bravo!!

Directindustry.fr/fabricant-industriel/reservoir-souple Les analyses du marchĂ© et les tĂ©moignages de ce blog sont remarquables de bon sens, luciditĂ©, de sens pratique et d’esprit d’observation.

Un panel de fabricants agri-convivial.com citerne-souple

Le produit

Les citernes souples sont issues de l’assemblage par soudage haute frĂ©quence (HF) de lĂ©s de tissus techniques. Ceux-ci sont confectionnĂ©s Ă  partir d’une trame polyester (armature assurant la rĂ©sistance) enduite de PVC ou PU, avec traitement anti–UV sur les deux faces. Les matĂ©riaux sont retenus pour leur grande tenue Ă  l’abrasion mĂ©canique et leur stabilitĂ© chimique. Pour certains liquides spĂ©cifiques, des tissus adaptĂ©s sont requis selon l’application. Les lĂ©s de tissus sont assemblĂ©es de maniĂšre spĂ©cifique permettant de garantir l’autoportance des citernes. Ce concept assure une structure en trois dimensions de la citerne, indĂ©pendante de tout accessoire de maintien et de tout support. Ce procĂ©dĂ© prĂ©sente plusieurs avantages :

  • Quel que soit le niveau de remplissage, la citerne est toujours stable sur un sol plat et horizontal
  • La mise en place de la citerne se rĂ©alise directement sur un sol prĂ©paré : la plate-forme d’accueil doit ĂȘtre plane, horizontale, propre, de prĂ©fĂ©rence sur un sol compactĂ© rĂ©alisĂ© Ă  l’aide de graviers recouverts de sable
  • Le liquide stockĂ© est toujours maintenu hors oxydation, hors Ă©vaporation et hors contamination externe
  • Les citernes souples sont modulables et mobiles
  • L’encombrement est rĂ©duit
  • Le poids est faible.
  • Le matĂ©riau est rĂ©sistant
  • En cas de stockage de liquides malodorants, il y a un confinement total des odeurs.
  • Les contenances des citernes peuvent ĂȘtre variables, allant de petits volumes (quelques litres) Ă  des volumes beaucoup plus importants (500 mÂł).
  • Les liquides stockĂ©s sont divers : eau (pour la dĂ©fense incendie…), eau potable, eau pluviale (utilisation comme impluvium), eaux usĂ©es, engrais liquides, produits chimiques, effluents agricoles (tels les effluents laitiers et viticoles, lisiers, purins), etc.
  • Source : Article Citerne souple de WikipĂ©dia en français

Situation générale et linguistique: Quelle langue devez vous apprendre pour communiquer et vendre ce produit en Ukraine?

Réseau de distribution : répondre aux interrogations suivantes :

  • Qui sont les clients potentiels ?
  • Qui sont les interlocuteurs en fonction du rĂ©seau de distribution choisi (le commercial France, le distributeur importateur local, la concession, la franchise, le bureau de reprĂ©sentation, la succursale, la filiale commerciale ou industrielle, la joint-venture…
  • Le choix gĂ©ographique de votre partenaire (Ouest ou est Ukraine n’est pas neutre)
  • Le lieu gĂ©ographique des prospects et acheteurs (agriculteur local, service achat conglomĂ©rat
, sociĂ©tĂ©s Ă  capitaux Ă©trangers).
  • ProblĂ©matique des documents commerciaux : Russe ou Ukrainien (sensibilitĂ© locale trĂšs forte, risque de gaffe interculturelle)
  • Quelle langue sur les contrats pour les tribunaux ?

Cas 2 Vente de matériel de détection et capteurs pour cyclone

Imaginez vous en exportateur de systĂšme de dĂ©tection et de capteurs de cyclones, typhons et autres hurricanes…

PremiÚre démarche évidente, trouver la carte des zones impactées comme celle-ci: Carte des zones

Quels pays sont concernĂ©s ? En comparant la carte politique et linguistique avec ces zones on dĂ©finit a priori la langue des clients comme l’anglo-amĂ©ricain pour les États-Unis, (bien que les zones touchĂ©es soient souvent hispanisantes
), l’espagnol dans le golfe du Mexique, les CaraĂŻbes, le Yucatan et les cĂŽtes ouest, du français Ă  Madagascar et dans les CaraĂŻbes, de l’anglais en Australie et en Inde (partiellement), Du chinois (mandarin, cantonais ?) sur les cĂŽtes chinoises et les diverses langues dans le sud-est asiatique touchĂ© par les moussons comme en Thailande (ThaÏ, plus de 60 langues dont diffĂ©rentes variantes du thai).

Deux grandes tendances applicables : anglais et espagnol
 idĂ©ales pour des exportateurs français dont ces langues sont les plus Ă©tudiĂ©es dans leur pays (en bonus le français Ă  Madagascar). Oui, mais si le marchĂ© chinois est le plus porteur ou que la PME souhaite se concentrer sur un gros marchĂ©, l’option « langue chinoise » est peut-ĂȘtre la bonne dĂ©cision?

Autre dĂ©marche, la recherche des langues des prescripteurs et des centres de dĂ©cision? Au bord des cĂŽtes menacĂ©es ou dans des centres de recherches ou administrations loin des zones sensibles? Les experts et acheteurs sont-ils des scientifiques et ingĂ©nieurs plus enclins aux documentations de langues anglaises ? C’est trĂšs vraisemblable ! Toutefois, il faut pondĂ©rer cette rĂ©ponse en fonction du type de matĂ©riel… s’il s’agit d’un matĂ©riel Ă©conomique ou d’un drĂŽne d’observation locale, les centres de dĂ©cisions resteront vraisemblablement proches des zones menacĂ©es.

Dans le cas d’un matĂ©riel embarquĂ© Ă  bord d’un satellite, il est plus certain que la zone de prospection se rĂ©duira Ă  quelques grandes sociĂ©tĂ©s internationales ou administrations, agences publiques aux siĂšges en dehors des zones de cyclone. La prĂ©pondĂ©rance du scientifique et de la gĂ©ographie font pencher dans ce cas la balance du cĂŽtĂ© de l’anglais (ou anglo-amĂ©ricain, attention aux traductions techniques
). Toutefois, dans plus d’un cas le commercial pratiquant le chinois ou l’espagnol aura toutefois le grand plus qui fait dĂ©crocher les commandes surtout que ce type de matĂ©riel est trĂšs susceptible d’ĂȘtre l’objet de marchĂ©s publics.

GĂ©ographie, linguistique locale, lieux de dĂ©cision, marchĂ©s publics, culture « affaires » des clients, taille de l’entreprise et potentiel linguistique
 sont des paramĂštres Ă  Ă©tudier mĂȘme dans les cas qui semblent les plus simples. L’anglais (mais quel anglais ?) semble dans ce cas simple ĂȘtre l’option rĂ©ductrice Ă©vidente, mais il faut prendre en compte la pression de la concurrence mondiale et le mouvement sociĂ©tal de dĂ©fense des langues natives qui inĂ©luctablement imposent la localisation des langues pour l’exportateur.

Cas 3 Un constructeur d’élĂ©vateur Ă  grain Ă©quipĂ© d’un dispositif de criblage de l’ergot de seigle (Ă  vous de jouer et d’imaginer un raisonnement et le rĂ©sultat)

production de seigle (rye)
Carte des sols

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