Citoyenne du monde, Ă mes 20 ans jâai voyagĂ© un an en AmĂ©rique du Sud, en me dĂ©plaçant depuis le Venezuela oĂč j’avais de la famille et jusquâau Chili, mon pays de naissance.
Article d’Angelina Humen
Une expĂ©dition riche de rencontres, de personnes qui comme moi, dĂ©couvraient leur continent en routard. Jâai expĂ©rimentĂ© espaces de dĂ©couverte et habitants de la planĂšte en sacs Ă dos. Le plus drĂŽle, c’est que jâai rencontrĂ© une grande diversitĂ© de gens et pas uniquement les sud-amĂ©ricains hispanophones, mais aussi des natifs, des BrĂ©siliens, des AmĂ©ricains du centre et du nord, des EuropĂ©ens (beaucoup). Je dirais que lâespagnol « castellano » tel qu’on le dit en AmĂ©rique du Sud mâa Ă©tĂ© plus quâutile comme la langue dâinterphase de communication y compris avec les BrĂ©siliens, lorsquâils parlaient portugais. Nous arrivions Ă nous comprendre en parlant chacun avec nos langues, et Ă Ă©tablir vĂ©ritablement le dialogue.
Les hispanophones, nous communiquions Ă longueur du temps et naturellement avec nos propres expressions, jargon du pays, patois. Je me souviens dâune fois d’un fou rire de la part dâun VĂ©nĂ©zuĂ©lien, lorsque jâai lui ai rĂ©pondu « altiro» qui Ă©tait une expression chilienne, unique dans son genre, pour dire tout de suite⊠! Pour ma part, jâai dĂ©couvert autant de rĂ©gionalismes que des expressions et mots en fonction de niveaux sociaux, pays et situation individuelle vĂ©cue par les Sud-AmĂ©ricains. Si je me tiens strictement Ă la langue, nous nâavions aucun complexe pour communiquer et nous nous rĂ©jouissons de nos diffĂ©rends. Des expressions idiomatiques et accents bien entendus, mais aussi de la musique que les phrases produisaient et que nous avions par habitude dâemprunter. Pour les EuropĂ©ens le travail linguistique Ă©tait alors dâune autre nature et trĂšs fastidieuse. Les 500 ou, au maximum 800 mots quâils connaissaient pour communiquer ne suffisaient pas pour comprendre les finesses des jargons si variĂ©s. Surtout les phonĂšmes, lesquels prononcĂ©s Ă la Colombienne ou Ă la Mexicaine, et selon la vitesse dâĂ©locution, transformaient littĂ©ralement la fin des mots. Autant vous dire que les EuropĂ©ens que jâai rencontrĂ©s au cours de mon pĂ©riple Ă©taient dĂ©semparĂ©s, bien des fois.
Pour rĂ©pondre Ă la question, lorsquâun Sud-AmĂ©ricain rencontre un Espagnol, câest un peu prĂšs du mĂȘme ordre. Selon quâil sâagisse dâun autochtone de la grande ville qui a hĂ©ritĂ© des formes dâexpression et accents de son territoire, entre Hispaniques nous arrivons sans soucis Ă communiquer. Pour tout vous dire, jâai mĂȘme exercĂ© en France quelques annĂ©es le mĂ©tier dâinterprĂšte (mĂȘme en simultanĂ©) pour des sociĂ©tĂ©s espagnoles. Les flux migratoires Espagne-AmĂ©rique du Sud ou inversement, a toujours existĂ© et continue Ă ĂȘtre dâactualitĂ©. Plus ou moins important au cours du temps, en fonction des intĂ©rĂȘts politiques, Ă©conomiques, de la conjoncture Ă©conomique et accords collatĂ©raux entre les pays. Jâai eu dans ma jeunesse par exemple des enseignants espagnols et je me souviens de lâaccent de ma prof de philosophie, qui venait des Canaries. Elle avait un parler trĂšs singulier et rien Ă avoir avec celui par exemple de Barcelone avec l’influence du catalan. Elle avait pour ainsi dire une Ă©locution dĂ©sinvolte et ses mots courraient Ă vitesse grande V. ses expressions Ă©taient hallucinantes dâenchantement, ce qui donnĂ© Ă nos cours de philosophie une saveur palpitante et retenais lâattention de tous sans y faire des efforts. Je dĂ©gustais avec dĂ©lectation chacun de ses mots et expressions bien Ă elle.
Alors le brassage de la langue espagnole du temps de colonisateurs en vers le Nouveau Monde a enclavĂ© un riche vocabulaire et dotĂ© de sa racine des nombreux pays (21 pays adoptĂ© lâespagnol sur le continent amĂ©ricain). Elle-mĂȘme influencĂ© en AmĂ©rique du Sud, par les dialectes locaux et rĂ©gionaux, toujours vivants et en mouvement. On retrouve aussi, dans les amĂ©ricanismes, des mots dâinfluence europĂ©enne : française, anglaise, allemande, sans compter les propres influences subies par les origines de la langue comme lâArabe, puis les variantes importĂ©es de dialectales de lâĂ©poque. Il nâen reste nĂ©anmoins que la racine est bien la mĂȘme et quâil existe une unitĂ© de la langue. LâacadĂ©mie linguistique espagnole a depuis intĂ©grĂ© bien des mots de vocabulaire et des constructions Ă la sud-amĂ©ricaine. Il faut savoir quâĂ lâĂ©crit les auteurs traversent les deux continents sans accorder des formes adaptĂ©es aux pays dâĂ©dition, mais sont Ă©ditĂ©s dans la langue de lâĂ©crivant. AcadĂ©mies, Ăditeurs, mĂ©diats et outils de communication contribuent dans la standardisation dâun espagnol plus universel.
Pour le bonheur des uns et des autres, heureusement quâil y a des endroits en AmĂ©rique du Sud ou la langue espagnole est plus accessible Ă lâoreille des Ă©trangers, ayant appris lâespagnol. Ă lâinverse par exemple, Madrid en Espagne me semble un bon compromis. On pourrait dire que lâon peut retrouver facilement une prononciation plus claire et intonation moins dĂ©formĂ©e. Ceci dit avec toutes mes rĂ©serves, car comme je lâai expliquĂ© antĂ©rieurement, dâautres facteurs sont Ă considĂ©rer comme le niveau dâĂ©ducation, le lieu, puis les interactions des individus, selon quâils ont voyagĂ©, adoptĂ© des expressions natives ou locales.
Je vous conseille dâapprendre un espagnol adaptĂ© Ă vos besoins, envies et attentes. Lâenvie dâapprendre dans un lieu que vous passionne peut par exemple sâavĂ©rer un excellent moyen pour vous motiver et aiguiser votre mental. Le besoin lui, dĂ©pendra alors clairement de vos objectifs, vous allez vous diriger vers lâEspagne ou lâAmĂ©rique. Demandez si possible un formateur pouvant vous relater les nuances linguistiques. Lâaccent de lâenseignant ne sera utile que lorsque vous aurez dĂ©passĂ© les 1500 mots de vocabulaire courant. Enfin, si vos attentes sont faites de vos besoins et envies, ainsi nâhĂ©sitez pas Ă vous lancer ! Lâespagnol est une langue aussi riche que variĂ©e, comme toutes celles de la famille indo-europĂ©enne. Les faux amis existent bel et bien, renforcĂ©s dans lâapprentissage des langues latines.
Bravo !
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