Un Saint-Graal difficilement accessible et réservé à une élite, comme ils disent… En fait, un mythe élitiste et surtout un bon argument pour faire gonfler les factures pour les professionnels. Décryptage et mode d’emploi : comment apprendre la mystérieuse « langue des affaires »?
Le mythe de la « maîtrise »
Premier élément à se mettre dans le citron, on n’a pas forcément besoin d’être niveau natif pour faire des affaires ! À chaque niveau correspondra un plus à commencer par la capacité et facilité de se déplacer à l’étranger avec un mince bagage de phrases utiles. Beaucoup de professions peuvent aussi se contenter d’un lexique limité pour travailler (les professionnels du football utilisent un glossaire, toujours le même, de quelques centaines de mots). La profession ou l’usage déterminent les besoins justes et nécessaires et parfois la langue de travail. Il arrive même qu’il soit bon de cacher sa connaissance de la langue de l’autre pour mieux négocier ! Notons que dans les cas pointus et situations cruciales, il faut tout simplement investir dans un interprète en complément (si vous avez une connaissance même basique, vous pourrez aussi comprendre si un traducteur vous mène en bateau…). Les rares postes vraiment « bilingues » seront pris plutôt par des bilingues natifs ou font l’objet d’une formation spécifique comme pour la profession de traducteurs. Une minorité…
Extrait d’un forum :
La réponse ci-dessous d’un Suédois au niveau minimum requis en Suède pour un emploi. À comparer avec le concept de « maîtrise » bien français et la manipulation d’un grand complexe pour vendre des heures de formation et rabaisser les candidats. Notons que la Suède est censée être « l’exemple » du pays où tout le monde « maîtrise la langue anglaise »…
« It’s difficult to say without any information about the job tasks (or your target group), the language and even the country.
In Sweden, some proficiency in English is assumed. Perhaps B1. Even lower. I just had a look at a job ad where it actually said something like « good Swedish and English skills (both verbal and written) ». Even for this particular position, this can mean anything, but perhaps around B1. Nobody applying will be asked for a certificate in English, nor to conduct the interview in English. It doesn’t have to be perfect. If your native language is English (or other), then it’s assumed that you’re able do your job in Swedish, and the interview will still be conducted in Swedish. It doesn’t have to be perfect, just good enough. You’re not the Prime Minister’s official spokesperson. »

À chaque niveau, un bonus !
Des usages nouveaux apparaissent au fur et à mesure de votre progression et leur emploi régulier renforce votre aisance et accentue votre progression lentement, mais sûrement. Un automatisme se crée alors ! N’attendez donc pas la « maîtrise » pour commencer à communiquer avec vos clients, prospects ou collègues qui savent très bien que vous êtes étranger, mais remarquerons vos efforts avec bienveillance. On peut d’ailleurs utiliser les nouveaux outils de traduction automatiques en live pour compléter son discours !
Un point important, l’anglais ne suffit plus (en dehors des pays de langues natives). C’est la langue du client qui est le véritable avantage compétitif pour l’export.
Composants d’une langue des affaires
Un niveau de base de préférence B2 du CECR mais on peut faire quelque chose avec du B1. C’est la plus grosse et longue partie du programme dans lequel il faut investir!
B2 – Niveau Avancé ou Indépendant
Mots clés : compréhension courante et capacité à converser, émettre un avis, soutenir systématiquement une argumentation.
Comprendre (Écouter) : Je peux comprendre des conférences et des discours assez longs et même suivre une argumentation complexe si le sujet m’en est relativement familier. Je peux comprendre la plupart des émissions de télévision sur l’actualité et les informations. Je peux comprendre la plupart des films en langue standard.
Comprendre (Lire) : Je peux lire des articles et des rapports sur des questions contemporaines dans lesquels les auteurs adoptent une attitude particulière ou un certain point de vue. Je peux comprendre un texte littéraire contemporain en prose.
Parler (Prendre part à une conversation) : Je peux communiquer avec un degré de spontanéité et d’aisance qui rende possible une interaction normale avec un locuteur natif. Je peux participer activement à une conversation dans des situations familières, présenter et défendre mes opinions.
Parler (S’exprimer oralement en continu) : Je peux m’exprimer de façon claire et détaillée sur une grande gamme de sujets relatifs à mes centres d’intérêt. Je peux développer un point de vue sur un sujet d’actualité et expliquer les avantages et les inconvénients de différentes possibilités.
Écrire : Je peux écrire des textes clairs et détaillés sur une grande gamme de sujets relatifs à mes intérêts. Je peux écrire un essai ou un rapport en transmettant une information ou en exposant des raisons pour ou contre une opinion donnée. Je peux écrire des lettres qui mettent en valeur le sens que j’attribue personnellement aux événements et aux expériences.
On ajoute:
Des phrases toutes faites de la vie courante au bureau mêlant expressions usuels et mots « métiers » que l’on trouve dans un livre format poche comme l’Harraps « l’anglais au bureau » que l’on peut étudier seul en un mois tranquille ou 15 jours en plus intensif. Une petite application thématique à moins de 10 euros ou EnglishWaves vous entrainera à correctement les prononcer.

Ce glossaire de mots, toujours les mêmes répété jour après jour, s’enregistrera automatiquement dans votre cerveau (en sachant que chaque rencontre ou usage est un cours en soi). Prévoir des petites fiches de rappel en attendant.
Note : l’anglais des « affaires » est un langage pauvre et réduit, mais simple que l’on appelle souvent « global English » qui est le langage des affaires dans lequel se reconnaissent les locuteurs non natifs, car exempt des multiples expressions et variantes dialectales des natifs.
Pas de difficultés particulières pour les langues des affaires, car très standardisées et routinières à l’usage contrairement au vocabulaire nécessaire à une discussion politique ou philosophique.
Un usage tellement routinier que l’on se surprend un jour à chercher d’autres tournures pour changer un peu…
Le vocabulaire « environnemental » et sectoriel que l’on trouve dans un livre de poche à 10 € comme l’anglais, allemand, espagnol… économique et commercial très complet de la collection Langues pour tous.

Le lexique du métier:
Un dictionnaire papier ou en ligne est ici indispensable pour apprendre ou trouver des listes et traductions de mots parfois complexes (et souvent méconnus de la plupart des Français) mais dont l’origine est très souvent gréco-latine dans certains secteurs comme le médical et pour l’anglais proche du français. La lecture, cueillette de catalogues, manuels ou pages de sites web d’entreprises natives sont un excellent moyen pour trouver les bons termes actuels à moindre effort. Les dictionnaires en ligne sont aussi nombreux y compris les techniques et professionnels comme ceux-ci. Certains pays comme la Russie ou l’Allemagne (arab term) ont publié à des prix très abordables d’excellents dictionnaires multilingues. En France, citons techniques-ingenieur.fr ou l’Isit.
Un autre exemple, une liste sur le web
On trouve aussi les expressions les plus pointues de la vie professionnelle dans une base comme Linguee qui a compilé des phrases « au naturel ». On y trouvera donc le mot ou l’expression juste. Ne pas chercher à traduire l’intraduisible, juste piocher dans les nombreux exemples ! Un excellent moyen également d’apprendre à construire des phrases dans l’esprit de la langue cible…
Des fiches et des dictionnaires fabrication maison sont à prescrire pour limiter le nombre de phrases et mots vraiment utiles en ciblant vos besoins pour un glossaire assez réduit, précis et maniable. Airtable ou tout autre tableur est un outil en ligne gratuit et partageable en ligne, pratique pour cet usage. Des applis comme Reji ou Anki permettre aussi de créer des lexiques personnels. Du simple vocabulaire à apprendre et tournant en boucle dans votre vie professionnelle.
Des applis spécialisées permettent parfois d’apprendre et de mémoriser comme Mosalingua (image ci-dessous) et ses applis thématiques business.

Les termes de négociation :
Répétitives et pas très encombrantes sont les phrases prêtes à l’emploi de négociation à piocher dans des livres comme « le petit manuel pour négocier en anglais » de Larousse ou « travailler en anglais / vos entretiens d’embauche en anglais » chez Allistair (en occasion) qui résument tout ce qui est nécessaire et suffisant dans un livre qu’on peut étudier en quelques semaines ou mois seulement selon son appétence et bagage. Créer son petit carnet papier portable (l’écrire permet de mémoriser et d’éviter la panne de batterie) à réviser avant de rencontrer ses interlocuteurs.
Toujours les mêmes expressions comme c’est trop cher, c’est le meilleur du marché… 🙂 ou les explications techniques identiques (la rotation de la broche est de X tours par minute).
Les courriers
En dehors des traductions automatiques, il existe d’excellents ouvrages pour créer des modèles de courriers et d’offres. Une fois ceux-ci créer, ils seront réutilisés très souvent comme « un exercice à trous » pour compléter les mots et chiffres manquants. On peut également faire appel judicieusement à une société spécialisée dans la traduction pour vous créer des modèles à réutiliser parfaitement adaptés à votre secteur comme Tradutec ou Eazylang.
Exemple de modèles tout prêts avec ce livre (notons que l’achat d’un livre en langue native fourni les meilleurs modèles!) :

Les communications téléphoniques
L’exercice le plus difficile, où l’on se prépare à l’avance jusqu’à l’acquisition d’une routine. On peut utiliser ses propres notes et des outils pour les créer comme ici avec l’éditeur allemand Pons et sa fiche. De nombreux cours à distance permettent de s’entraîner. Ils sont utiles… Les applications vidéo comme Zoom sont aussi de plus en plus répandus dans les échanges et facilitent la compréhension avec la visualisation de la gestuelle et des attitudes (mais demandent de se former à la bonne attitude. Ne pas hésiter à prendre son temps pour consulter des notes au lieu de paniquer si vous êtes en direct !


Les « chiffres »
Souvent proposés dans les différents ouvrages précités, ils font l’objet de fiches ou tableaux spécifiques (comme pour les incoterms de l’export), d’applis de conversions « converter » mais aussi de livres dédiés comme le minipoche de langues pour tous « maîtriser les chiffres en anglais ».

Le jargon
S’informer sur le web des tournures spéciales inventées ici et là comme les expressions en franglais incompréhensibles hors de France, les idiotismes de nouveaux métiers ou des créations sauvages souvent méconnus des natifs eux-mêmes.
Un exemple : instructionalsolutions.com/blog/jargon
Le mode d’emploi, c’est l’interculturel!
Si vous connaissez la langue, mais pas les us et coutumes de l’interlocuteur et que le contexte vous indiffère, quel que soit votre niveau la communication risque d’être difficile voir conflictuelle ! C’est un point crucial qu’il ne faut pas négliger en affaires et qui est la source de nombreux contrats perdus et réputations contre productive. Touriste ou pro, la bonne attitude et compréhension feront toute la différence ! Des guides par pays ou quelques rares ouvrages français existent sur le marché. Les produits professionnels de Diversophy (voir notre article) sont remarquables à cet égard comme les clés du savoir interculturel ou la collection remarquable de l’Afnor.

Notes
L’anglais, l’allemand… des affaires ce sont des phrases et vocabulaire en nombre limité et à l’emploi répétitif que l’on peut apprendre tout seul et à petit prix, pas une nouvelle équation!
Il est plus rentable à notre avis de concentrer d’abord votre formation professionnelle dans la recherche des niveaux B1 et B2 plutôt que d’investir trop tôt dans des formations » affaires » (toujours plus chères que les autres alors que plus simples) et apprenables à la maison. Les séances d’entraînement et mise en situation (présentiel) seront ainsi, une fois ces bases acquises, indispensables pour acquérir un minimum d’aisance avant usage et avec un natif ou grand connaisseur pour apprendre la mentalité locale. C’est dans ce domaine qu’il faut concentrer l’investissement décisif, mais souvent coûteux des cours particuliers en réduisant les dépenses dans « l’approche » à l’aide, par exemple, d’applications judicieusement choisies.
Attention, l’anglais, la langue des affaires est un mythe. Il ne suffit pas (en dehors des pays de langues natives), car c’est la langue du client qui est le véritable avantage compétitif pour l’export. Ce sont celles-ci qui sont utilisées pour les bonnes affaires et la compréhension des cultures ! Notre article sur ce thème et cette vidéo éclairante sur le sujet :
Un travail de recherche
Apprendre la langue de VOS affaires demande une recherche et veille d’outils spécifiques à votre activité (tous les mots d’un dictionnaire métier ne vous sont généralement pas utile, à vous de créer votre base de vocabulaire utile). Un schéma progressif d’apprentissage est aussi nécessaire. Nous avons créé un simple document pour rassembler les outils et concevoir son planning (mettre, par exemple, sur une semaine les minutes à consacrer à chaque support et planifier les étapes en mois).