La mĂ©thode de chinois que l’on est obligĂ© d’aller piquer chez les Ă©coliers…
Ni sho ya (éditions Didier)
Les Ă©ditions Didier sont spĂ©cialisĂ©s dans le domaine de l’enseignement et en particulier celui des langues (l’Ă©diteur partenaire des enseignants). L’ouvrage Ni shuo ya est donc Ă la base un manuel scolaire.
Il se prĂ©sente sous la forme d’un manuel, d’un support en ligne, avec le site didier-nishuoya.com, et de plusieurs cahiers d’activitĂ©s. Les trois sont incontournables pour apprendre les bases du mandarin grands dĂ©butants (niveaux A1,A2 du cadre europĂ©en des langues).

La méthode
De format A4 et de qualitĂ©, l’ouvrage bĂ©nĂ©ficie d’un design aux couleurs sympathiques, aux photos actuelles (ce type de manuel a souvent vĂ©hiculĂ© des images ringardes) et orientĂ© Ă©cole (dont c’est la vocation).

Elle se compose de 12 leçons dĂ©crites en dĂ©but d’ouvrage (on sait ce qu’on fait et oĂč on va, un bon truc…) comprenant :
- Plusieurs leçons d’Ă©coute conversationnelle ou de prise de parole notĂ©es 1, 2,…
- Une explication de l’oral et ses exercices (Ă©coutez et rĂ©pĂ©tez)
- Un atelier de lecture et d’Ă©criture
- Le lexique avec les mots nouveaux différenciés par une couleur
- De la grammaire à dose homéopathique
- Des vidĂ©os « live » d’application du vocabulaire
- Un test final
Notons qu’une introduction avec vidĂ©os sur le thĂšme de la classe (accompagnĂ©e des premiers chiffres, quelques phrases usuelles et la pratique des dates) est votre premiĂšre rencontre avec le mandarin en tout dĂ©but d’ouvrage. Attention les leçons sont riches en travail avec le cahier, les tĂ©lĂ©chargements, les scripts…

La pĂ©dagogie utilisĂ©e est celle de la prĂ©pondĂ©rance de l’Ă©coute sur l’Ă©tude acadĂ©mique et une approche Ă 360° pour chaque leçon :
Vous ĂȘtes plongĂ© dĂšs le dĂ©part dans l’Ă©coute et l’action du vrai mandarin, celui des caractĂšres, avec le titre et la numĂ©rotation des leçons en chinois et une Ă©coute de la langue sans la traduction (ce qui pousse l’apprenant Ă utiliser ses oreilles et faire preuve d’imagination tout en se concentrant sur la reproduction brute du son, mĂ©thode efficace et trĂšs naturelle). DirectâŻ!
La leçon est Ă©maillĂ©e d’exercices actifs, de renvois vers le site (pour les vidĂ©os et audios), et de cahiers d’activitĂ©s pour l’Ă©criture. Chaque leçon utilise une riche palette d’activitĂ©s langagiĂšres qui sont :
- ComprĂ©hension de l’oral
- Expression orale en continu
- Expression orale en interaction
- ComprĂ©hension de l’Ă©crit
- Expression écrite
Une pĂ©dagogie remarquable qui permet de ne pas s’ennuyer et de faire varier les plaisirs. La mise en avant de l’oral et son application directe en situation concrĂšte permettent d’apprendre une langue « vivante » pour un usage rĂ©el, pragmatique et immĂ©diatement exploitable in situ ou par webcam. Avec Ni shuo ya, pas d’Ă©tude passive, mais de l’action dĂšs le premier coursâŻ!
Le look est certes un brin scolaire (c’est le but) mais est agrĂ©able y compris pour un apprenant adulte (pragmatisme, simplicitĂ© et variĂ©tĂ©). Deux point forts Ă©galement, l’omniprĂ©sence du souci de la dĂ©couverte culturelle (mode d’emploi d’une langue) et la place modĂ©rĂ©e du pinyin.
Le pinyin est une méthode transcription en caractÚre latins du chinois mais qui présentent deux inconvénients majeurs qui sont:
- La non-correspondance de l’Ă©crit avec le son effectif dans beaucoup de cas et qui embrouille l’apprenant qui cherche Ă imiter les sons latins qui ne correspondent que trĂšs rarement aux sonoritĂ©s chinoises
- La redirection de l’oeil qui lit et cherche les caractĂšres latins zappant ainsi les caractĂšres chinois et qui conduit Ă apprendre la « langue » pinyin (contrairement au Bopomofo mais qui n’est pas officiel en rĂ©publique de Chine).
- Pour comprendre la problématique, écouter et comparer avec la transcription
- Dans l’exemple ci-dessous le pinyin n’est utilisĂ© que pour les mots nouveaux.

Les auteurs, utilisant le pinyin et l’enseignant de maniĂšre progressive, ont cherchĂ© Ă rĂ©duire l’usage du celui-ci (pour des mots nouveaux ou les lexiques) pour orienter l’apprentissage sur la vraie langue, celle des caractĂšres, tout en essayant de rendre digeste cette transcription infernale (et, de plus, en faisant passer l’Ă©coute avant l’Ă©tude et la transcription du pinyinâŻ; l’inverse peut-ĂȘtre fatal…). Le pinyin est une bĂ©quille dont il faut savoir se dĂ©barrasser au plus vite, ce qui est effectif dans ce livre (et l’utiliser pour une vĂ©rification).
Une grammaire allégée, progressive mais présente!

VidĂ©os, bandes dessinĂ©es, jeux, quiz…, comme l’ancien slogan de la Samaritaine on trouve de tout, et c’est tant mieux, pour que l’apprentissage soit un plaisir avec des moments actifs et non pas un pensum lassantâŻ! Les thĂšmes sont bien sĂ»r autour de l’Ă©cole pour impliquer un peu plus les Ă©lĂšves.
On ne peut s’ennuyer dans une leçon en raison de la variĂ©tĂ© de ses composants, mais apprendre avec NI SHU YA demande une organisation pointue de ses outils qui s’ajoute Ă celle particuliĂšre du mandarin. Des outils comme un dictionnaire avec prononciation en ligne ou des conseils de lecture du pinyin (en rĂ©alitĂ© un outil misĂ©rable qui ne reproduit pas les vrais sons chinois, voir ce lien pour comprendre le marigot de la romanisation), la prĂ©paration des documents imprimĂ©s sont Ă prĂ©voir en auto-apprentissage.
Jolie carte en fin d’ouvrage avec noms en chinois, mais nous regrettons l’absence de celle de la France de la version prĂ©cĂ©dente…
Le site web (et ses petites questions agaçantes pour savoir si vous avez bien le livre…) prĂ©sente les ressources audios et Ă©crites (tĂ©lĂ©chargeables) pour les trois ouvrages, classĂ©es par leçon et rĂ©parties entre audios, vidĂ©os et fiches. ActuelâŻ!
Cette page de la leçon 1 est votre tableau de bord. AttentionâŻ! Il est recommandĂ© de tĂ©lĂ©charger et imprimer tous les scripts Ă l’avance et les placer dans un classeur pour Ă©viter la pagaille.

Les cahiers d’activitĂ© permettent le travail de l’Ă©criture et de la grammaire et rĂ©pondent Ă la spĂ©cificitĂ© du chinois pour apprendre Ă tracer les caractĂšres et sont accompagnĂ©s par le mode d’emploi (rĂšgles de traçage). Parfait et incontournable.

Le vrai et unique souci est la numĂ©rotation…
- Le numĂ©ro des leçons (1,2,3…) est Ă©crit en chinois si vous cherchez « leçon 1 » ne pas confondre avec les parties des mĂȘmes leçons (1,2,3…) et les « activitĂ©s » des mĂȘmes leçons (1,2,3…) en caractĂšre latin.
- Les renvois d’Ă©coute vers le site (5 de l’activitĂ© 1 page 12 dans la rubrique audio de la leçon 1…) avec des fichiers Ă trouver Ă©parpillĂ©s dans les trois catĂ©gories (audios, vidĂ©os…)
En rĂ©alitĂ© l’inverse, lire la ressource sur le site, permet d’aller facilement sur le cahier, mais dans la vraie vie, on va plutĂŽt du cahier vers le site. SuggĂ©rons une numĂ©rotation chronologique sur le cahier de 1 Ă 1000 par exemple, identique sur le site web (le 46, c’est l’audio ou la vidĂ©o 46 sur le site ET le cahier).

Nous aimons
- La pĂ©dagogie privilĂ©giant l’effort de l’Ă©coute
- Le cotĂ© actif et l’usage immĂ©diat du vocabulaire
- La grande variĂ©tĂ© d’exercices et la ludificationÂ
- La qualité du papier (en comparaison avec la fragilité de la version précédente)
- Les activitĂ©s des cahiers pour l’Ă©criture au look « mots flĂ©chĂ©s »
- L’aspect culturel
- les vidéos vivantes
- La discrétion volontaire du pinyin
- Les caractĂšres de taille lisible
- On sait oĂč on va avec les « menus »
- L’impression effective d’avancer « utile »
- Les natifs sont Ă la manĆuvre pour les « audios » avec un joli accent pour les explications en français
- Réactivité des éditions Didier pour des explications
- Tout sur le site en ligneâŻ! Enfin libre du lecteur CD
- Une initiation qui crĂ©e un socle solide (et sans les travers habituels) pour poursuivre l’Ă©tude du chinois

Nous aimons moins
- L’enfer des numĂ©rotations, les manips pour Ă©couter l’audio surtout si vous les tĂ©lĂ©charger et la nĂ©cessitĂ© d’imprimer du texte (scripts) non inclus dans le manuel
- Avec un courant d’air, on peut jouer au cerf-volant chinois avec tous les scripts imprimĂ©s
- L’absence (voulueâŻ?) d’une table de prononciation du pinyin qu’il faut aller chercher sur le net
- l’inadaptation relative pour un auto-apprentissage (mais ce n’est pas l’objectif initial)
- Si vous souhaitez tĂ©lĂ©charger certaines ressources gratuites comme le manuel pĂ©dagogique, il faut s’inscrire. Le hic Ă©tant qu’il faut ĂȘtre un enseignant circuit classique scolaire et universitaire (donc formation professionnelle exclueâŻ?) et remplir un « dossier ». Une prĂ©cision non indiquĂ©e sur le livre, mais vous pouvez toutefois l’obtenir en Ă©crivant Ă Â contact@editions-didier.fr
Notes du lab

Excellent pour dĂ©marrer le chinois, il remplit avec brio l’objectif fixĂ©. PrĂ©sentation, thĂšmes et style scolaires, car destinĂ©e principalement Ă ce crĂ©neau. La mĂ©thode est toutefois intĂ©ressante pour dĂ©marrer la langue, mais avec un prof ou coach.
Sous une apparence scolaire, la mĂ©thode est indubitablement l’aboutissement d’une sĂ©rieuse recherche pĂ©dagogique issue de l’expĂ©rience et qui dĂ©passe largement en qualitĂ© de nombreux ouvrages. Il se limite Ă l’initiation, mais crĂ©e le socle solide et pragmatique indispensable pour continuer aprĂšs cet initial « bond en avant ».
L’adaptation pour un apprenant autonome est surtout nĂ©cessaire pour les exercices actifs oĂč il faut remplir tous les rĂŽles Ă la fois. Avec un professeur, un ami natif ou un correspondant en ligne (nombreux sites pour trouver un tuteur), cela devient possible. De mĂȘme pour les corrections d’exercices des cahiers d’activitĂ©s pour lesquelles le manque de professeur se fait le plus sentir.
Nous avons intĂ©grĂ© cet ouvrage dans notre blog en raison des qualitĂ©s pĂ©dagogiques et l’approche adaptĂ©e et prĂ©cise de l’enseignement d’une langue rĂ©putĂ©e difficile, le mandarin (nous Ă©crivons rarement des revues pour des produits non destinĂ©s Ă l’auto-apprentissage).
Et, litchi sur le gùteau, Ni shu ba vous permettra de continuer votre étude de chinois pour le niveau A2-B1 !