Comment bien choisir un prof dans le web 2.0?

Une révolution silencieuse est en marche. Après des générations d’apprenants qui, de l’école à la formation professionnelle, ne pouvaient choisir un professeur, le consommateur reprend le pouvoir sur le Web. C’est lui qui choisit désormais!

Eh oui, défilant sur les écrans, des milliers de professeurs ou de tuteurs sont livrés à la foule des consommateurs exigeants, à la concurrence globale uberisant les prix et, coup de grâce, aux notations des élèves. Comme le CPF qui permet aux formés de choisir en toute liberté (ou presque) une formation, le pouvoir change de camp.

Car choisir un professeur n’est pas aussi évident. Que donnerait un libre choix des produits alimentaires à des enfants dans un supermarché ? Bonbons Haribo, frites Mac Cain, smoothies tous les jours probablement ! Loin de moi d’accuser les adultes d’enfants, mais les instincts de consommateur peuvent jouer des tours…

Le marketing parfois « lourd » est aussi un facteur d’erreur de jugement par ses exagérations qui font vendre à la Kardashian ou biaisé par le réel objectif des auteurs de sites pour qui, parfois, les langues ne sont qu’un prétexte (chercher par exemple un cours d’arabe ou d’hébreu sur le web dans lequel, bien souvent, le prosélytisme ne s’arrête pas qu’à la langue).

Bien choisir son professeur, c’est réaliser d’abord un cahier des charges, connaître son objectif (et de s’y tenir) et avoir une objectivité à toute épreuve. Et, que recherchez-vous précisément ? Voulez-vous apprendre une langue, tester votre niveau ou chatter en langue étrangère pour une rencontre ou pour le fun ?

Dans tous les cas, il s’agit de trouver la personne qui vous fera progresser. Notons que le bardage de diplômes n’est pas une garantie de qualité pédagogique. Un prix Nobel n’est pas automatiquement un bon vulgarisateur…

Professeurs, tuteurs, correspondants, potes, « dates » potentiels, blogueur…, des approches bien différentes :

Professeur, c’est un métier… rémunéré. Ils sont enseignants (en poste ou non), diplômés, pédagogues, et ont des méthodes et de l’expérience à revendre. Ils sont aussi porteurs d’une éthique et d’un professionnalisme (expérience, respect d’horaire et du client) et soucieux d’un progrès réel (le contraire de l’amateurisme donc). Les prix en ligne peuvent être fixés par eux-mêmes sous forme de monnaies locales ou par le site sous forme d’unités aux noms divers. Ce peut être le « free pour all » ou une sélection de profs (souvent aux critères mystérieux) du site ou de l’application.

Les professeurs ont aussi leur profil. Des « traditionnels » pour qui le web est un outil pour des cours classiques à distance (une grande majorité) et qui s’appuient sur une méthode « papier », le choix de celle-ci et le style de la personne ayant une énorme importance. Il existe aussi les professeurs intégrant une école de langue qui vend ses prestations en ligne, mais dépendant d’une structure et bien souvent limités par celle-ci dans ses choix tarifaires ou pédagogiques (mais pas toujours).

Une nouvelle espèce d’enseignants indépendants est apparue combinant une expérience de professeur , une indépendance permettant une originalité dans la démarche d’apprentissage et la construction de cours et d’outils spécifiques à un apprentissage sur le web. Ils font alors preuve d’une créativité remarquable et libre de toute contrainte. Un travail énorme de réflexion et de conception débouchent ainsi sur des produits merveilleux et terriblement efficaces. Ce sont souvent des « personnalités » hors norme…

Inconvénient : ils sont très difficiles à repérer, ne bénéficiant pas de structure ni de budget publicitaire conséquent ( Le Labdeslangues est à la recherche de ces pépites, merci de nous les signaler !). Exemples trouvés.

Différencions également les sites avec des profils de vrais professeurs dont c’est le métier à plein temps et les autres où on trouve de tout (tout le monde, il est professeur).

Le tuteur (occasionnel, pour le différencier du terme anglo-saxon « tutor » qui est un professeur particulier) désigne un non-professionnel (a priori) qui, à titre gratuit ou payant (tarif en général inférieur), propose ses compétences ou une conversation (l’étudiant par exemple). Les natifs, surtout, sont ciblés par cette appellation que légitimerait leur connaissance de la langue.

Le correspondant est un contact avec un objectif clair et défini (a priori…) d’échange linguistique. Il n’implique normalement pas de rémunération, mais peut éventuellement déboucher sur une amitié. Se poser donc la question de la motivation du correspondant. Bien lire et relire le peu d’informations que vous trouverez sur le site et cherchez aussi ailleurs comme sur Facebook. Tout est possible sur le web…

Le « pote », c’est le contact pour une discussion, une aide ou une explication dans un esprit de camaraderie souvent générationnel et de recherche d’émotion. Pote, car l’échange est cordial, amical, cool… et les langues plus un prétexte (excellent pour pratiquer une langue) qu’un réel apprentissage. La gratuité supposée est toutefois fréquemment accompagnée par le coût de l’usage d’une application dédiée et le temps à consacrer. Les sujets communs et l’âge, repérables sur les profils, seront à privilégier pour une recherche adaptée. On retrouve cette recherche (intériorisée ou non) avec les applications tandem et « chat oriented »

Le « dating addict », c’est la recherche d’un « plus si affinités » à peine voilé et aidé par des applications avec photos mises en avant (en particulier les plus engageantes). Le signal disponible et le bouton choisir sont particulièrement conçus pour ce rôle et éloignent l’internaute du but pédagogique initial, sans parler du fantasme de l’enseignant (ou enseignante) qui risque de ressurgir chez certains(es). Des « daters », très friands de vous apprendre leur langue ou vous arnaquer, sont assez aussi présents sur les sites de chat en particulier. Lourd…

Le blogueur est souvent un expatrié ou amateur (homme ou femme) très éclairé qui produit des vidéos de cours souvent très sympathiques et éclairantes. Le format a ses limites et peut-être occasionnel ou faire l’objet d’un cours structuré et complet. Il s’adresse principalement aux découvreurs d’une langue passionnés le plus souvent par le pays cible. Gratuit ou payant, fréquemment les deux à la fois, il apporte un véritable souffle de fraicheur et d’originalité, mais ne remplaceront pas les « vrais » cours… Le blogueur, parfois, se transforme en prof quand il propose des cours « live ».

Les écoles de langues évoluent très vite et les formules en ligne deviennent systématiques avec parfois des formules originales (travail de groupe, supports numériques, voyages.). Ce cas particulier introduit de nouveaux critères de sélection pour l’apprenant comme le cadre de travail, le sérieux de l’institution, le turnover des professeurs, la liberté pédagogique des enseignants, la possibilité de formation professionnelle ou l’originalité des formations ( gros point faible de la formule avec ses contraintes administratives, le classicisme et clonage formation officielle à la française ou la vision trop « locale ».

On retrouve très rapidement le syndrome des sites de rencontres où le nombre et la recherche du Saint-Graal entraînent l’internaute dans une spirale sans fin dans laquelle on peut finir par passer plus de temps dans la recherche que dans l’action.

Exemple : tapez « anglais » dans le moteur de recherche de ce site Français ou avec Italki et Preply.

Des  sites sélectifs avec peu de profils ne posent pas de vrais problèmes. En revanche, quand vous êtes confrontés à des dizaines de milliers de profils, vous êtes un peu perdu. Que mettre alors dans la case de recherche pour réduire l’offre ? Que vous aimez les timbres postes ? Que vous recherchez un prof ?

Pour les sites (rarement des applis) avec professeurs « only », sélectionnés et visibles sur un large écran et au nombre réduit, peu de difficultés, mais l’enfer des applications pour mobile vous confronte à des listings sans fin sur un format minuscule et devient vite ingérable, car vous devez en plus cliquer sur chaque profil pour connaitre son pedigree. Certains proposent des miniprésentations avec un court extrait d’arguments plus ergonomiques.

En réalité, vous finissez, comme sur Google, de ne regardez que les 10 ou quinze premiers. Une bonne stratégie pour apprendre ?

Pour pallier ce problème, les  sites vous proposent donc des critères de recherche pour filtrer le « big data »… La pertinence de ces critères conditionnera la qualité de votre cours. Cependant, l’adéquation à ce besoin n’est pas vraiment évidente et semble suivre, en particulier pour les mobiles, les codes du format plus que le chemin de la pédagogie…

Le site de recherche aux 10000 profils. Utile si vous recherchez un cours de Bambara ou d’Inuit, mais ingérable pour un cours d’anglais. L’équivalent de demander à un jeune enfant de choisir un jouet dans l’entrepôt principal d’Amazon.

Le site low-cost prix agressifs (type 5 euros le cours d’anglais d’une heure par un natif de la langue) où la qualité n’est pas le critère le plus important.

Les plateformes en ligne à la sélection rigoureuse de professeurs conçues pour les entreprises et la manne de la formation (en France). En petit nombre généralement, le choix est réduit, la qualité y est, mais les prix sont en mode payé par la formation professionnelle en contradiction avec le marché libre !(un cours particulier d’anglais peut varier ainsi de 5 à 90 euros).

Les plateformes de rencontres avec une sélection et un nombre réduit, mais significatif d’offres de cours. Un bon compromis avec des prix du marché mondial et un certain choix.

Les sites avec forfait unique et choix d’un professeur différent à tout moment. Une formule surprenante avec un prix moyen. Surprenant !

Le site avec forfait et choix d’un module de cours et le prof du jour qui va avec !

Quelques  » tips  » en anglais :

Le principal critère, et qui vous explose à la figure, est la photo. On commence déjà mal…

Selon les sites, les poses vont du Facebook à l’académique en passant par le flou suggestif ou celles de celui qui ne sait pas prendre une photo et la poster. Élément essentiel et prépondérant de recherche en phase avec les codes du chat, elle détourne l’internaute de l’essentiel. Un bon physique est-il pédagogique ? L’importance de l’image et de la photo dans le monde du web est ici un piège qui vous dévie immanquablement de votre trajectoire vertueuse (je veux apprendre l’anglais…)

Le « je sais ce que je cherche du départ » se transformera en clics sur le charmant minois ou la ballade des commentaires de tronches. Notons aussi que votre recherche devra aussi surfer entre les têtes de tueurs en série, la tribu des têtes coupées, le club des têtes qui ont un penchant, mais pas pour vous, les hystériques de service ou les faces de profs comme ceux qui vous ont pourri votre vie à l’école.

Encore plus sournois le critère homme ou femme…

Si je comprends la voyageuse qui n’a pas envie de partager sa tente ou sa couchette avec un éventuel pervers trouvé sur le web sur un site de travel buddies, ce critère de genre me laisse perplexe…  Un critère fréquent surtout dans les chats qui vous vantent l’apprentissage des langues en spécifiant que ce n’est pas pour le dating. Ben voyons, la rencontre est l’un des moteurs de l’addiction d’usage des mobiles et le marketing très voyant des pubs (femmes en situations de séduction, sourires charmeurs…) n’est pas vraiment subliminal, surtout pour une clientèle-cible bien connue et dont les doigts sont déjà accros à la manip. La galère pour la charmante russe ou la mignonne Thaïlandaise qui souhaitent seulement enseigner sa langue natale…

Le web 2.0 offre de très nombreuses possibilités d’apprentissage et de nombreuses façons d’apprendre comme un cours web audio, un cours présentiel Skype like, un chat vidéo, un échange de texte ou encore des corrections d’exercices. Un mixte des formules est à prévoir et le choix de « l’enseignant » en adéquation. Certains préféreront un anonyme échange de SMS, d’autres les contacts vidéo en ligne… Mais, dans tous les cas, s’assurer que vous êtes bien en phase et à l’aise avec votre correspondant. Savoir gérer son attitude est un défi quand il faut couper son échange pour « divergence de vues », fonction que l’on trouve assez souvent dans le chat. Le choix d’un vrai professeur évite bien des ambiguïtés et des gênes…

Le pote en ligne est le fantasme de l’apprenant de la génération digitale comme ses dix doigts qui s’agitent sur un clavier comme un pic-vert sur sa branche. Les tics et tocs des générations « mobile » ou l’immédiateté innée creusent un fossé qui ne prédestine pas réellement à des contacts intergénérationnels, en plus de nombreux autres facteurs. Les besoins et désirs communs des générations imprégnées par la culture de l’apparence et du visuel se tourneront vers des profs à leur image si bien encouragée par le marketing appuyé des pros du secteur. L’ancien se tournera-t-il vers le Jamaïcain visiblement adepte du reggae, le jeune cadre vers un « vieux » riche en expérience ? Connaître ses biais pour bien choisir n’est pas évident pour tous…

Si le web peut permettre un échange inédit et la rencontre de personnes différentes qui permet d’ouvrir les horizons mentaux, ce critère d’âge ne fait qu’accroître les cloisonnements entre générations. Et, puis, le pote de ton âge est-il un bon prof ou tu les payes souvent tes amis pour un service ?

Bien définir son besoin est une priorité. On recherchera alors la bonne personne capable de vous apprendre. Mais beaucoup de questions se posent alors …

Quel est mon niveau ? Avant donc de choisir, il est préconisé de faire un test payant ou gratuit (on en trouve en ligne) pour pouvoir adapter sa recherche.

Bien jugé de la pédagogie (les propositions très détaillées de parcours et pédagogie sur certains sites aident beaucoup) est un exercice délicat, mais crucial. Il faut aussi savoir changer ou apporter son propre programme à l’enseignant, mais en avez-vous la compétence ? Pourquoi faire ? Là où un simple tuteur ou contact peut vous faire progresser en conversation, une véritable structuration de votre apprentissage demande une réelle expérience et compétence. Attention aux fausses économies et aux conversations stériles et vite lassantes (certains sites malins proposent du contenu à utiliser). Si vous participez à une conversation conçue pour apprendre comme avec le club de conversation de russe d’Inga ou si vous vous essayez à enseigner à votre tour votre langue natale, vous comprendrez très vite qu’un simple échange est insuffisant et les difficultés du truc. Il faut l’organiser avec un but précis (sans parler de la vitesse d’élocution ou ses idiomatiques qui vous déstabilisent !) Pas non plus forcément besoin d’une Ferrari pour aller au boulot, mais veiller à la qualité, en particulier pour la phase de démarrage d’une langue. À chaque niveau, donc, peut correspondre un profil différent !

Un natif ou non de la langue ? Le natif tuteur est-il vraiment meilleur qu’un Français compétent. Ce dernier a le plus souvent une meilleure connaissance de vos difficultés, mais le prestige du natif ou sa connaissance culturelle est un argument de poids. Quel natif ? Un enseignant d’Inde, des États-Unis ou de Malte pour l’anglais, ce n’est pas tout à fait la même chose. Il faut donc s’informer sur les variantes et les habitudes culturelles si vous choisissez cette option (risque de bug interculturel aussi !). Un critère très subjectif qui permettra de réviser son cours sur les stéréotypes, mais très pertinent pour ceux qui souhaitent aller plus loin et voyager.

  • Un natif , à moins d’une longue expérience, a rarement la connaissance et perception d’un non-natif qui a rencontré les difficultés les unes après les autres et saura vous enseigner ses trucs. Un site présente ainsi la langue russe comme une langue facile dans son introduction avec l’argument « les mots se prononcent comme ils sont écrits ». Le créateur du site est russe natif et pour lui il est très évident que xorocho (bien) suit cette règle… vos oreilles françaises et les autres nationalités, entendent, elles « xaracho » . Ces différences sont présentes dans toutes les phrases et en particulier dans les premiers mots étudiés en russe. Mais le natif est trop habitué…
  • Les natifs, comme vous-mêmes, ne sont pas forcement non plus les champions de la grammaire ou de l’orthographe. Vu sur une annonce de tuteur écossais, localisation « Scottland ».

Le prof en ligne maîtrise-t-il les outils dédiés ? Est-il ingénieur du son, sa voix est-elle monocorde et assoupissante, les interruptions dues à la « technique » sont-elles envahissantes, comprend-il la différence entre un cours magistral et un Skype like ou un webinar? Car gérer un webinar avec 300 personnes ou un chat interactif n’est pas instinctif. Faire passer sa pédagogie avec un écran 12 pouces non plus. Et le geek du web, lui, est-il performant en pédagogie brute de langues ?

Des cours et échanges « tandems » (chacun enseigne à l’autre) sont proposés gratuitement, mais rapidement les frais de fonctionnement (comme l’application Voip qu’il faut payer) poussent les créateurs à passer aux modèles payants. Car les bons tuteurs gratuits sont aussi de plus en plus sollicités ou intéressés par des sites qui les rémunèrent.

Entre le récif du tuteur gratuit qui se lasse passé les premières leçons découvertes en raison de la répétition et du temps à consacrer à le faire (pour bien comprendre et essayer d’enseigner votre langue à quelqu’un…), du nombre croissant d’élèves parfois pénibles ou consommateurs exigeants et celui qui veut se faire des sous à moindre effort ou juste pour financer un voyage, nous avons toute une gamme d’intervenants pas forcément des hyper motivés de l’enseignement !

Les bénévoles et occasionnels ont aussi le défaut de disparaître quand ils ont autre chose à faire, trouver un nouveau travail où que les horaires ne les arrangent pas. Une expérience que j’ai régulièrement constatée…

L’amateurisme porte souvent trop bien son nom ! 

Le coin des bonnes affaires

Donc, avec l’offre surabondante, vous pouvez devenir rapidement un client qui veut beaucoup pour pas cher et votre correspondant un fournisseur à bas coût. La frontière est souvent très floue parmi les tuteurs aux compétences très diverses et aléatoires. Le dicton « If you pay peanuts, you get monkeys » ne s’applique pas toujours, mais très souvent… Il doit d’ailleurs résonner en boucle dans votre tête, car les vrais bons cours, malgré la bonne volonté sincère de beaucoup, sont dans les vrais prix et sont fréquemment plus rentables et économiques à l’usage dans la durée. Bon, mais budget oblige… Par contre, pour travailler simplement sa conversation, des options plus économiques sont très intéressantes. Un mixte est donc à prévoir !

Dans la génération xyz, le comparateur de prix et la recherche du plus bas et de la bonne affaire, conditionneront l’ambiance de la transaction et les prix du marché. On assiste ici à une uberisation du secteur (le prix de l’heure à la Jamaïque n’est pas le même qu’à Paris). Si payant, la notion de « pote en ligne » doit être évitée. Les sites d’échanges (vous enseignez, il enseigne) seront plus à considérer. À vous de bien gérer leurs galères !

Un article rare (un peu orienté, mais c’est de bonne guerre) vous dévoile les formules et surtout des idées du prix du marché. On constate une constante autour de 15 euros de l’heure glissant vers les 12. Un site français de recherche ne cible, par exemple, que les offres entre 4 et 15 €. Une astuce aussi consiste à proposer un prix attractif pour 50 minutes de cours (comparer donc ce qui est comparable). Une bonne formule toutefois, car une heure, à l’usage, est un peu long pour une attention soutenue… Attention ! Nous parlons ici du marché libre, pas celui encarté de la formation professionnelle avec ses surcoûts en France de paperasses, obligations et d’organismes répartiteurs inutiles (qui n’existent pas en Allemagne, bien connue pour la qualité de ses formations…)

Il est évident que le cours de change ou le niveau de revenu dans un pays influe sur l’offre et les « bons » professeurs ne sont pas l’apanage de pays « riches ». Notons que le dinosaure de la formation professionnelle à la papa en France n’est pas du tout prête à relever ce défi de la délocalisation dans le domaine des langues étrangères. Quoique certains s’y mettent…

Un bon professeur peut-être aussi celui qui fait tourner le compteur à son avantage pour certains sites sans horaire ou limite fixe. Il est charmant et attirant mais « méfiez-vous » chantait un Dutronc en son temps. Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil prof.

Les gratuits ou pas chers sont aussi souvent moins fiables, n’ayant pas de contraintes ou d’éthique professionnelle à respecter. Ayant testé un site pour trouver des profs, la galère des petites annonces avec disparus en mer, évadés dans le cosmos, one shot and forget , les profils momifiés à la Néfertiti et Ramsès, les party girls and boys toujours cool sur les horaires et les annulations, peuvent finir par vous lasser ou décourager. Les commentaires (non bidonnés ?) sont donc à lire et relire.

Qui vous attire ? Quel est votre budget ? Qui est bon pour vous ? Quel est votre prix psychologique ?  Des choix pas si évidents. Beaucoup d’erreurs et d’essais infructueux à prévoir !

Déjà, pour un rendez-vous, vérifiez le décalage horaire à moins de vouloir apprendre le japonais en pleine nuit. Le mélange des genres peut être aussi déconcertant ; apprendre l’allemand d’un prof vivant en Afrique du Sud ou l’anglais par un prof au nom chinois qui vit en Bulgarie peut semer le doute. Bien lire l’annonce. Le repérage GPS de « voisins » parfois proposé est un outil redoutable et peut permettre à l’étranger de rencontrer des locuteurs proches dont vous ciblez la langue. Un poil intrusif, mais peut plaire à certains ou être très utiles à d’autres.

Quand on recherche « à côté » ou dans une ville précise, on se prédispose à une rencontre. Bien vérifier si l’envie est partagée et assumée.

Mais, sont-ils vraiment disponibles ? Contacter un prof à l’improviste est peut-être un peu déroutant (surtout pour certaines générations) mais correspond à de nouvelles habitudes de consommation pour d’autres. Une fonction attirante et addictive issue des sites de rencontres, mais à utiliser avec bon sens et modération pour ne pas noyer le prof sous les messages, car vous n’êtes pas vraisemblablement le seul. Ensuite, vérifier l’horaire local !

Beaucoup de logiciels proposent un système intelligent de prise de rendez-vous de cours avec un planning de professeurs en ligne. Les plages horaires sont choisies par ce dernier et peuvent être restreintes. Il a ses raisons personnelles, ne pas insister pour les faire modifier.

Ouah, vous notez le prof ! Vous qui râlez sur l’arbitre ou les jurés du patinage artistique, vous voilà seul(e) devant vos responsabilités. La notation en étoiles semble plus privilégiée que les likes. Ils sont malheureusement pas toujours efficaces en raison de leur absence ou de leur nombre avec l’accroissement exponentiel des profs. Les plus côtés arrivent en tête dans les recherches et seraient les garants de la qualité de la prestation. Sauf que

  • Avec le temps tout le monde plafonne au top avec ou sans l’aide du réseau de copains et d’affiliés qui annotent avec frénésie
  • La plantureuse Brésilienne à toujours une note canon
  • Quand vous avez une liste à consulter de 2000 profs à cinq étoiles, vous n’êtes guère plus avancé.
  • Le look de la copine complice ou de la Russe bien roulée comme ses « rrrr » seront sûrement plus likable que la revêche anglaise au tailleur de laine.

En fin de session (ou en cours en cas d’urgence…) des informations plus ou moins pointues vous sont demandées. Que devez-vous écrire ? Les commentaires de clients émerveillés fleurissent aussi sur les pages web de présentation. Sont-ils fiables à l’image de ceux de trip advisor (condamné pour tricherie) ou vendues par des spécialistes offshore ? Les sélections de profs par les sites sont-elles sincères et adaptées à votre cas, les titres ronflants sont-ils existants ?

C’est le principal et efficace critère. Pour y répondre, en plus des annotations à prendre comme simple indication de tendance, le CV, pedigree, argumentaire, présentation audio, écrite ou vidéo (la meilleure) sont de bons éléments à votre disposition quand ils existent (certains sites sont beaucoup plus performants que d’autres sur ce point). Penser aussi à aller faire un tour sur les réseaux.

Mais c’est aussi une vitrine dont il faut décrypter les bons et mauvais côtés :

  • Le détenteur d’une pléthore de diplômes est-il le meilleur ?
  • Préférez-vous un médecin ou une infirmière (qui en fait toute la journée) pour une piqure ? L’agrégé est-il au top pour une classe de maternelle ?
  • Le profil est-il bidonné comme plus de 30% des CV professionnels.
  • Qui gère, quels critères les sites d’enseignement adoptent-ils  pour leurs professeurs ?
  • Quelle est la qualité pédagogique de quelqu’un sûr de si faibles indices ?
  • Un natif connaît-il bien les obstacles de l’apprenant étranger ?
  • A-t-il la patience nécessaire du bon pédagogue
  • Est-il adapté à votre profil ? Sait-il vous pousser dans un marché ou crève qui vous fait avancer.
  • Quelle est sa méthode préférée et pourquoi ?
  • A-t-il le courage de vous faire travailler même s’il sent que vous allez le laisser tomber pour quelqu’un de plus cool et membre comme vous de la tribu potatoes couch?

Bienvenue dans le marigot de tout le monde, il est beau, tout le monde il est prof !

L’aspect consommateur zappiste et adepte du next entre ici en conflit avec la réalité de l’apprentissage des langues au-delà d’une simple « gamification » d’applis en langue.
À moins d’avoir un mental de tungstène, les langues demandent un travail régulier et des pics d’intensité pour passer certaines difficultés et surtout un accompagnant. Les profs les plus efficaces sont ceux qui savent vous faire bosser, mais en alternant avec des phases plus cools.
Prof, c’est un vrai métier. Pour le découvrir, enseigner votre langue à un étranger…

Des essais gratuits sont proposés. Utilisez-les pour faire votre choix, mais aussi pour découvrir votre personnalité d’apprenant. Testez avec de courtes séries (faire une session de 5 cours seulement avec la même personne) pour vous faire vraiment une idée de 1-la qualité de l’enseignant 2-si la pédagogie vous correspond. Ne stagnez pas non plus dans le confort de vos habitudes et osez la disruption pour réveiller vos neurones !

Il existe une catégorie particulière difficile à trouver, les professeurs indépendants ayant développé leurs propres sites et outils. Perdus dans l’océan du web et ne bénéficiant pas de l’attractivité de plateformes de recherche, ils ont pourtant créé des produits WEB 2.0 en plus de pédagogies langues dédiées. Quelques « hyper compétents » à la double casquette digital et enseignement sont affichés sur notre page d’accueil. Un véritable défi pour les trouver !

Des vidéos enregistrées ou un simple contact préliminaire permettent de découvrir l’accent de vos interlocuteurs. Les accents, en particulier en anglais, sont très nombreux, très différents et souvent ardus à comprendre. Un Hochdeutsh allemand clair vous semblera préférable à un Bavarois lourdement influencé par le dialecte local ou le R.P, anglais enseigné en France, à un Texan faisandé ou un brouillard à l’écossaise. Oui, mais les accents difficiles vous feront travailler intensivement l’oreille (un vrai truc à adopter) et vous habitueront à l’écoute des nombreuses « variables  » auxquelles sont habituées la plupart des étrangers, leurs langues étant moins codifiées que le français. Car nous sommes un pays très monolingue. Sur un site comme English Waves est astucieusement proposée une écoute en versions US, indienne…
Pensez impérativement à varier les accents en contactant des locuteurs très différents pour être confortable et prêt pour le voyage. Un conseil rarement dispensé et pourtant de bons sens. Viser la facilité ne vous fera pas franchir les obstacles qui arriveront tôt ou tard !
Les CV et présentations sont utiles pour choisir l’accent compréhensible pour un débutant. Un choix est parfois proposé par des vidéos qui permettent d’écouter et de choisir l’accent qui vous convient. Précisons encore une fois qu’un accent difficile est une option à envisager, car il oblige l’oreille à travailler plus et vous prépare aux mauvaises surprises du terrain.

  • Les CV sont en général en anglais, mais les traducteurs automatiques sont maintenant bien implantés dans le paysage !
  • Autre cas, le prof enchainé à sa méthode comme une moule à son rocher, même si elle ne vous plaît pas ou que vous n’avez les audios pour réviser.
  • Dans son choix, il faut honnêtement soupeser ses propres démons ; se méfier de la paresse, un ennemi silencieux.
  • Supporter les remarques.
  • Privilégier la pédagogie à l’apparence et au capital de sympathie
  • Ses activités et hobbies; un critère pertinent et évident. Les points communs sont d’excellents facteurs de réussite et de communication pour des correspondants, mais on reste encore entre soi et puis pour un critère d’enseignement pas forcément le plus pertinent
  • Ne pas tomber dans la conversation stérile (si vous voulez apprendre !) et l’échange banal sans lendemain.
  • Savoir quand l’émotion l’emporte sur l’efficace.
  • Entretenir une discipline
  • L’envie de zapping, réflexe émotionnel d’une instantanéité qui ne privilégie pas le long terme. Prenez le temps de tester un prof
  • Avoir un plan pour la recherche et ne pas se laisser embarquer par le nombre et des critères subjectifs.
  • Tester beaucoup et sur une courte période en osant diversifier les personnes, nationalités et les accents pour trouver le bon
  • Se méfier du côté sympa, pote… si vous voulez vraiment apprendre !
  • Peu de cours avec un bon professeur vous fait plus avancer que des sessions low cost avec un mauvais pédagogue. Sauver votre budget avec des applications souvent pas très chères en complément (pour le vocabulaire, par exemple) et réserver l’essentiel à des cours bien préparés pour maximiser l’impact. Travailler avec des cours particuliers en ligne les vraies difficultés (conversations, explications, démarrage…)

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