meilleur âge pour apprendre une langue

Apprendre une langue étrangère très tôt, la solution miracle ?

Être bilingue anglais”, “speak like a local”, “assurer le futur de vos enfants”,… autant de slogans percutants qui résonnent fortement dans l’esprit de beaucoup de parents qui rêvent de carrières réussies pour leurs enfants. Le boom durable des “baby & kid schools” en France accompagne ce désir et répond à l’idée “mainstream” véhiculée de « il faut commencer très jeune » !

Article d’Anne-Charlotte Rouleau 0’bEinglish et Jean-Luc Chevrier

Rêve ou Réalité ? Quelle est la part de marketing dans cette tendance ? Les méthodes proposées sont-elles efficaces et appropriées ? Les enfants apprennent-ils mieux que les adultes ? Quel est le meilleur âge ? Les attentes des parents clients sont-elles toujours légitimes et réalistes ? Nous présentons donc ici quelques réponses issues de nos expériences d’enseignants, d’apprenants, de parents ou de coachs et des liens (en anglais le plus souvent) sur ce thème pour vous faire votre propre opinion sur ce sujet controversé…

Note : nous parlerons dans cet article surtout de l’apprentissage des jeunes (avant l’adolescence) issus de familles très majoritaires en France, celles dont les parents ont une connaissance scolaire d’une langue étrangère.

À partir du collège, on parle plutôt de soutien comme si les jeux étaient faits avant 7 ans 🙂 et avant, quand rien est obligatoire, on vante les avantages de la précocité aux parents. Ce marketing agressif crée chez ces derniers les mêmes attentes déraisonnables que celles promises par les régimes minceur miracles. Ces attentes peu réalistes ne pourront que générer de manière certaine des frustrations. Il faut donc cesser de vous comparer, de vous juger (je sais, l’école ne fait pas autre chose…), vous êtes bien meilleur·es en anglais, par exemple, que vous ne le pensez. Mais, vous ne ferez pas l’économie de la patience ni de la régularité !

Les créneaux présentés sont autant de “cibles” de sociétés de vente de produits et de services d’apprentissage de langues. Sur le web, en particulier, s’affichent de plus en plus des slogans autour du mot “bilingue” qui entretiennent la confusion autour de ce terme pour mieux vendre aux parents une soi-disante chance pour le futur professionnel de leurs rejetons. Danger ! 

Les “baby et kid schools” de tout poil, qui ont poussé comme champignon après la pluie et en phase avec les « je suis nul en langue » des médias et de la croyance populaire, correspondent à des créneaux familiaux marketing bien précis avec des distinctions scolaires, préscolaires, voire « baby ». Ils sont aussi en corrélation avec les recherches scientifiques dédiées, aux conclusions en réalité très variables et parfois contradictoires sur les étapes d’apprentissage (avant 3 mois, dès la maternelle ou au CP vers 6-7 ans, à 14 ans,…)

Des créneaux marketing bien pensés sur la page d’accueil chez « les petits bilingues » pour un aperçu du marché.

S’il faut reconnaître en général les compétences, qualités et expériences bien supérieures à l’école dans le secteur privé, car très individualisé (l’attention est différente, pas de client, pas de travail !), plus décontracté, parce que moins sous pression de « notes », un truc qui tue en langues, il faut toutefois être réaliste sur les attentes et bien comprendre l’intérêt d’une telle démarche avec les bonnes raisons.

Une sempiternelle question à laquelle la réponse varie au fil du temps et des études. Pendant la grossesse, dès trois ans, à partir de 7 ans et plus récemment à 14 ans, difficile d’y voir clair ! 

Nous constatons :

  • Avant 7 ans, le bénéfice d’une plasticité auditive naturelle supérieure, mais un travail d’écoute à l’instar des musiciens permet d’en profiter à l’âge adulte
  • Le besoin d’une activité ludique pour accompagner l’apprentissage avant 12 ans. Young children are very enthusiastic and love learning foreign languages. They find it fun and they enjoy discovering new worlds and new ways of saying things.
  • L’importance des liens affectifs avec l’entourage (parents, babysitter,…)
  • Le mélange des mots jusqu’à 4 ans
  • L’absorption de deux langues par les tout-petits de quatre à six mois puis une discrimination s’opère. 
  • De 8 mois à 10 mois la détection du son n’est plus automatique, seuls les natifs perçoivent les différences phonétiques
  • À partir de 10-12 ans l’accent « natif » (mais lequel ?) est plus difficile à acquérir, mais pas impossible
  • Dès 14 ans, une nouvelle étude très positive démontre que l’adolescent a en réalité de meilleures capacités en raison de ses facultés d’assimilation et de raisonnement (en particulier pour la grammaire) et de ses acquis d’une première langue. L’esprit est aussi plus au travail qu’au jeu.
  • Une mauvaise interprétation de ces études fait croire que les enfants apprennent plus facilement que les adultes alors qu’en réalité, ils le font différemment. Young children are slower at learning languages than adolescent learners, in all aspects of language. Étude sur le sujet
  • Le facteur âge n’est pas si crucial à ce point et une remise actuelle en cause de fausses idées trop souvent véhiculées par les médias est à faire (Une analyse pertinente). En réalité, à heures travaillées égales, les adultes apprennent plus vite. Les avantages des grands vus par la BBC.
  • Une mémorisation automatique plus poussée chez les très jeunes qui absorbent comme une éponge du vocabulaire en raison de la nécessité absolue de communiquer avec leurs parents et du temps libre de toute contrainte les différencient des adultes
  • Une étude a démontré que les élèves “retardataires” vers 14 ans avaient une meilleure capacité d’apprentissage, car n’avaient pas à passer d’une activité ludique pertinente pour les enfants, à un véritable travail structuré
  • Les facteurs de freins qui existent pour les adultes (peur d’être ridicule, peur des erreurs, manque de spontanéité, préoccupations de la vie courante…) sont peu applicables aux enfants non scolarisés ou dans les petites classes. Un plus pour eux !
  • Apprendre à parler comme un natif n’est pas indispensable (sauf pour le métier d’espion :-). Il s’agit simplement de pouvoir communiquer selon ses besoins et non pas, généralement, de “maîtriser” la langue (ce que l’on ne fait déjà pas pour la sienne…)
  • Le facteur principal est en réalité celui du temps d’exposition à la langue étrangère, en dehors éventuellement de l’accent, quelle est la différence d’efficacité à votre avis entre un apprentissage de dix ans entre 3 et 13 ans versus un adulte entre 20 et 30 ?
  • Des acquis ponctuels dans l’enfance risquent d’être oubliés plus tard en cas de discontinuité de l’apprentissage

Pour aller plus loin

Note de Jean-Luc Chevrier

Apprendre l’anglais dès 3 ans, c’est bien, mais présente moins d’intérêt s’il n’est pas pratiqué quotidiennement. L’apprendre plus tard, y compris à l’âge adulte, a aussi des avantages et commencer très tôt n’est absolument pas un prérequis pour être “bon en langue”. Même la plasticité tant vantée de l’enfant ne leur est pas réservée ! Lire ces études (en anglais !) pour sortir des idées préconçues et des fausses croyances :

C’est la régularité, continuité et le temps d’exposition (en particulier sur place, à l’étranger) qui semblent être les facteurs déterminants. De plus, ne faut-il pas bien maîtriser sa langue natale d’abord ? A quoi ça sert de dire “cow” si l’on ne peut écrire vache ?

Commencer très jeune présente toutefois des avantages cognitifs et culturels…

Pour répondre à la question, le CE1 présente un bon âge pour apprendre une langue, le CP ayant déjà balisé l’apprentissage de la langue maternelle. À partir de 7-8 ans, les capacités d’attention, de logique, de raisonnement et de mémorisation sont meilleures. Avant cet âge, la pratique peut être intéressante (pour les autres bonnes raisons évoquées) à condition de se limiter à l’aspect ludique. Les résultats seront d’ailleurs très décevants pour des parents qui s’attendent à un “bilinguisme” si les enfants n’évoluent pas en permanence dans un environnement bilingue. Plus importantes sont la manière et la continuité de l’apprentissage…

Note d’Anne-Charlotte Rouleau (0’bEinglish)

Question récurrente mais plus on apprend une langue tôt, plus on gagne en durée d’exposition à cette langue étrangère, et cette durée d’exposition est un facteur clé de bonne maîtrise. Attention à ne pas étudier une langue étrangère, et notamment l’anglais, comme on étudie la géographie ou l’histoire !

Nos enfants n’ont pas besoin de devenir des grammairiens 😉 L’anglais devient une compétence générique nécessaire, tout comme l’informatique. Apprendre à se servir d’un ordinateur ne passe plus par la nécessité de maîtriser le codage informatique. Pour l’anglais, c’est pareil. Bien sûr, l’apprentissage des règles de grammaire est important, mais avant tout pour pouvoir utiliser la langue, en lisant, en regardant des séries en anglais, en jouant en ligne en anglais… et en parlant bien entendu chaque fois que c’est possible.

Un constat qui fait aussi réfléchir, les 2/3 de la population mondiale utilise ou apprend plus de deux langues ! L’Europe, très multilingue, a en majorité écrasante un enseignement obligatoire de 2 ou 3 langues et de nombreuses familles mixtes, immigrées ou expatriés, y développent en nombre le plurilinguisme.

Les mauvaises raisons pour démarrer très tôt:

  • Pressions sociales (les Français nuls pour les médias et leurs articles marronniers du même tonneau que maigrir avant les vacances, les parents et l’avenir de leur enfant, études promettant de meilleures carrières,…)
  • Enfant “précoce”, le mot magique. Attention à ne pas les faire grandir trop vite et profiter de leur enfance…
  • Babysitting – le créneau de la garderie, mais reste un bon truc
  • “Bilingue”. Attention à ce mot ! Pour devenir un vrai bilingue dans l’acceptation forte de ce mot, un enfant doit être imprégné quotidiennement de la langue étrangère choisie durant toute son enfance.

Les bonnes raisons

  • Dédramatise la barrière de la langue (car pas d’enjeu) et prépare à l’acquisition naturelle plus tard de langues étrangères
  • Développement de capacités cognitives et bienfaits « boost cross cultural understanding »
  • Développer une attitude positive vis-à-vis de ce qui est “étranger”.
  • Travail de l’oreille, aide pour la musique (“le petit Mozart”),
  • À l’aise dans des environnements différents
  • Bénéfices d’apprendre aux enfants : plus de capacité de réflexion et de sens critique, créativité, flexibilité de l’esprit
  • Activité cognitive améliore les autres matières
  • Travail du cerveau, mémorisation, empathie
  • Se relier au monde, un vrai slogan
  • Favorise l’apprentissage et la compréhension de leur langue native par comparaison
  • Plus amusant pour voyager à l’étranger
  • Connexion avec la famille d’origine étrangère

Instead of force feeding my future children a language they have no connection to, I’d prefer to see them travel and learn a language as an adult. Sure, they might not reduce all traces of their accent, but they will end up having something more meaningful as a result.

Note de Jean-Luc Chevrier

Rien ne presse… Apprendre très jeune avec l’objectif le marché du travail 20 ans plus tard ? L’Aquagym bébé pour en faire un champion olympique de natation ? Cela existe, mais combien de souffrances et d’abandons pour la majorité d’entre eux ?

Carrière ? La traduction automatique déjà présente change aussi la donne (surtout dans 20 ans) avec la réduction du besoin d’une langue “internationale”.

La plasticité ? Le cerveau est un muscle qui demande tout simplement de l’entraînement comme l’oreille qui rend les musiciens si précis dans leur écoute. À faire à tout âge…

Apprendre “très jeune”, c’est d’abord une obsession parentale et l’influence d’un marketing “vendeur de voiture”. De plus, le marketing abusif faire croire au bilinguisme qui est réservé principalement aux familles mixtes/natives ou expatriées. En réalité pour la majorité des gens un anglais B2 voire C1 sera bien suffisant et peut s’acquérir bien plus tard et plus rapidement par un travail régulier et une immersion organisée. Arrêtons la surcharge et laissons les vivre leur vie d’enfants…

Grave aussi est le bourrage de crâne qui sous-entend que les adultes ne peuvent qu’apprendre mal (fausse assertion) car ayant commencé « trop tard ». Pour beaucoup de familles aussi, le sacrifice financier (ça coûte !) serait peut-être également plus rentable à l’adolescence.

Toutefois, une opportunité de voyage à l’étranger peut être un bon prétexte pour les initier et ce, quelle que soit la langue ! Il est vrai que l’apprentissage d’une langue étrangère vue comme une découverte ou une activité ludique d’ouverture sur le monde présente des avantages certains pour le développement et la personnalité de l’enfant. Apprenons alors pour les bonnes raisons, mais sans stress ni pression !

Note d’Anne-Charlotte Rouleau (0’bEinglish)

Aujourd’hui, l’obtention de certains diplômes est conditionnée à un score bien défini de TOEIC (ce qui est dommage, car ce dernier se concentre avant tout sur les exceptions ou les règles de grammaire difficiles, dont la bonne maîtrise échappe aussi à bon nombre de natifs)

Certains employeurs n’hésitent plus à baisser le salaire proposé à une nouvelle recrue si son anglais n’est pas opérationnel (et je n’ai pas dit si elle n’est pas “bilingue”).

Certaines réunions clients prévues en français, à Paris, doivent basculer en 5 min en anglais, parce qu’un néerlandophone (par exemple) s’y est invité à la dernière minute. Alors oui, de la même manière qu’on n’envisage plus un poste de travail sans informatique, il va falloir se mettre à envisager l’avenir professionnel impliquant la bonne compréhension et pratique de l’anglais. Cette organisation sera poursuivie pendant plusieurs années car pour devenir bilingue, un enfant doit être imprégné de la langue étrangère choisie durant toute son enfance.

Start Early but Stay Long!

L’anglais ? Bien sûr ! Dans les discours et slogans, on parle de langues au pluriel mais la réalité est un monolinguisme imposé de l’anglais consacré par les offres du marché. À l’image de la politique linguistique française qui ne ratifie toujours pas celle européenne des langues locales, on réduit l’offre (typique pensée unique) handicapant ainsi le plurilinguisme et une réelle ouverture sur le monde.

L’anglais est bien sûr une langue presque générique parce que c’est la langue des échanges basiques interculturels dans de nombreux endroits du monde comme à Paris, Athènes, Bali ou Doha.

L’anglais, une langue par défaut…

En réalité l’anglais est une mauvaise langue pour démarrer dans le cadre d’un développement de facultés cognitives. La phonétique est l’une des plus aléatoires au monde, car ce qu’on lit ne correspond pas souvent – voire très rarement – à des règles précises. Il est en effet pratiquement impossible de deviner avec certitude une prononciation d’une orthographe et vice versa. Une présentation par un anglophone natif.

 La structure de la langue semble simple, mais elle est beaucoup moins précise qu’une langue comme le russe ou l’allemand. De plus, les petits ajouts comme les adverbes ou prépositions du genre  “up” ou “on” peuvent rapidement brouiller l’apprenant. Les mots de 2 à quatre lettres peuvent avoir plusieurs significations, selon les contextes.

Un autre problème, l’accent enseigné est celui dit de la BBC peu utilisé dans la vraie vie. Notez que les USA comptent plus de 300 millions d’anglophones, alors que le Royaume-Uni un peu plus de 60 millions et que le pays avec le plus d’anglophones est l’Inde…

L’aspect “carrière”

Avec la traduction automatique qui réduit le besoin de langues intermédiaires et le marché du travail dont le développement atteint à l’âge adulte sera bien différent de celui d’aujourd’hui avec l’émergence de nouveaux pays dans la sphère économique porteuse (la Chine a déjà dépassé les USA dans de nombreux domaines), le “tout anglais” est à nuancer, voire à revoir. De plus l’anglais est devenu un générique, certes, mais qui hors des pays dont c’est la langue officielle n’est pas la langue des bonnes affaires, car la meilleure, c’est celle du client ! Et quand on regarde les statistiques démographiques les futurs clients sont surtout dans des zones non anglophones…

  • Les premiers partenaires de la France en Europe ne sont pas anglophones et on recrute des Français parlant allemand en Suisse ou Allemagne
  • Le modèle suédois privilégiant l’anglais au contraire du Danemark plus diversifié dans les langues et dont une étude suédoise montre la supériorité à l’exportation grâce à cette variété, la Suède se tournant plus logiquement vers les marchés uniquement anglophones
  • L’essor de l’espagnol sur le continent nord-américain est un facteur à surveiller de près

Mais surtout “English is not enough” et la différence se fera sur les autres langues…

Critères

Avant le collège, le choix peut être très libre pour bénéficier des avantages d’apprendre une langue. Le facteur « usage » est très important, car déclencheur. Il peut être le résultat d’une opportunité (école proche, voyage), de liens avec sa famille étrangère, d’un pays frontalier, de voisins, de copains et copines d’école étrangers, d’une passion ou de la simple curiosité. L’anglais n’est qu’un choix parmi d’autres, il peut très bien s’apprendre plus tard surtout avec l’expérience d’une autre langue ou une immersion totale (séjour, expatriation…) Ne pas en faire avant le collège une obsession (notons qu’entre 7 ans d’école et une année d’immersion, le plus efficace est bien souvent la dernière…)

Remarques :

  • L’acquisition de sonorités variées de langues différentes formeront plus efficacement la jeune oreille
  • Une langue « exotique » donnera de l’importance et de l’originalité à votre enfant en plus d’une ouverture d’esprit différente
  • Une langue réputée difficile. Il existe aujourd’hui des méthodes pédagogiques remarquables qui abolissent cette barrière rendra toutes les futures autres fastoches (expérience personnelle) !
  • Une langue comme le mandarin développera chez l’enfant une mémoire visuelle extraordinaire, en plus de l’art d’écrire.
  • La précision de l’allemand, par exemple, offrira des cours structurants pour la pensée de l’enfant.
  • Des langues romanes proches les amuseront beaucoup plus, ont un parfum de vacances et font partie d’une histoire commune (comme lisible avec la BD Astérix)
  • Étudier une langue autre que l’anglais prépare l’enfant pour le collège où les vrais choix pourront être faits en connaissance de cause et liberté
  • Une langue s’apprend en dehors des études et plus tard pendant la vie active. Rien n’est « écrit » et « joué » après le bac ! Les polyglottes ont souvent démarré leur collection de langues beaucoup plus tard qu’à l’école !

Avantages et motivations de quelques langues:

Anglais

Lire les publicités dithyrambiques des baby and kid schools 🙂

Espagnol

Deuxième langue étrangère enseignée, elle bénéficie du label « langue facile » souvent première et seule raison de son choix. Comme l’Italie, l’image des vacances, de la musique et de la fête et les origines éventuelles familiales sont dans beaucoup de têtes, mais elle est aussi un passeport pour l’Amérique du Sud, centrale et même du nord ! L’une des grandes langues du monde (+400 millions) par sa répartition et nombre de locuteurs, son choix trop fréquent peut être un handicap pour l’apprentissage d’autres langues qui sembleront alors moins faciles et sympathiques. Un aspect psychologique pas anodin du tout… Pour les frontaliers, l’Espagne c’est aussi le basque et le catalan plus proche !

Allemand

En dehors de l’intérêt naturel pour des frontaliers, cette langue est un formidable atout pour l’emploi (Allemagne premier partenaire économique) mais aussi, au-delà de la tendance à rapprocher les bons élèves car « réputée » difficile (elle bénéficie d’un prestige pour des parents qui veulent leurs enfants dans les « bonnes classes »), c’est une langue structurante et propice à l’usage en raison de la proximité géographique et des nombreux touristes.

Italien

Pays proche géographiquement et culturellement, l’Italie attire par ses atouts touristiques, culinaires et culturelles. Langue mélodieuse et active, réputée à tort facile malgré sa proximité avec le français, elle est plaisante à apprendre, entre autres en raison de la personnalité des professeurs d’italien et permet d’aborder l’apprentissage d’une langue sans l’habituelle « barrière ». C’est un point fort qui permettra à l’apprenant d’aborder d’autres langues sans frein.

Russe

Langue à la grammaire conséquente (mais le « cyrillique » est une fausse difficulté, quelques semaines pour se familiariser), c’est l’accès à des pays nombreux d’Europe et d’Asie et des cultures très variées tout en bénéficiant de la proximité linguistique des autres langues slaves. La connaissance de cette langue permet aussi de découvrir la chaleureuse âme slave surprenante et cachée sous une apparence réservée. Un pays à la fois en Europe et en Asie et un débouché économique certain à 3 heures et demie en avion (Moscou)…

Portugais

Langue romane et terre d’émigration, c’est surtout le passeport pour des vacances et l’immense Brésil qui attire en dehors de liens familiaux nombreux en France.

Chinois (mandarin)

Aujourd’hui première économie mondiale, la Chine attire des apprenants du monde entier loin des traditionnelles raisons comme la culture, l’aspect artistique de la calligraphie, pour un défi linguistique ou de la famille d’origine. Le mandarin n’est pas vraiment difficile comme le démontrent des méthodes ou applications pour les enfants, mais long ! Patience et écriture sont au programme ! Notons que le dépaysement est assuré et la « barrière » psychologique d’une langue réputée ardue n’existe pas vraiment pour de jeunes enfants…

Arabe

Une langue majeure et officielle de L’ONU à la grande aire linguistique et une porte ouverte vers un monde proche à l’histoire prestigieuse et à la découverte touristique. On privilégiera, sauf motifs religieux, l’arabe standard moderne utilisé par les médias, l’édition et les cours universitaires. En effet, cette langue se divise à l’oral en de nombreux dialectes locaux.

Hindi

Langue majeure de l’Inde, elle est aussi présente (avec ses variantes) dans les pays voisins formant ainsi une aire linguistique aux nombreux locuteurs (ajoutons aussi la diaspora mondiale). En dehors de l’aspect économique, l’hindi est une langue originale ouvrant la porte à des cultures et histoires très différentes. C’est aussi l’occasion de découvrir l’une des plus anciennes langues du monde, le sanskrit et une écriture originale. Learn Hindi and you can speak to another 650 millions people.

Le choix des langues, c’est surtout celui des parents! Une étude très détaillée vous en montre les ressorts cachés.

Quelques parcours (Français et Françaises sans famille bilingue ou don particulier!)

Vigdis Les Petits Mandarins

🇫🇷 Français comme langue native 🇩🇪 Apprentissage de l’allemand sur les bancs de la maternelle bilingue, séjours linguistiques et voyages 🇬🇧 Étude de l’anglais, voyages, découverte, séjours linguistiques, usage professionnel. 🇨🇳 Tombée très jeune dans l’apprentissage du chinois, études en Chine, expatriation, voyage et usage professionnel 🇮🇸 Islandais pour le mystère et le lien familial. 🇸🇦 Arabe pour la calligraphie et le besoin professionnel

Jean-Luc

🇫🇷 Langue native -français- 💤 années de Latin au lycée 🇬🇧🇩🇪 Études, séjours linguistiques, expatriations, prospection commerciale -anglais et allemand- 🇨🇮 voyages touristiques, affaires et proximité géographique du domicile dans les Alpes -italien- 🇪🇸 Prospection commerciale Espagne et Amérique latine -espagnol- 🇨🇳 Pratique arts martiaux chinois et challenge personnel -mandarin- 🇷🇺🇧🇬 Rencontres, collègues -russe / bulgare 🇭🇷 Projet de résidence Croate

Chloé Parlaritaliano.com

Langue native => français 🇫🇷 / Collège-lycée => anglais – option facultative Latin 💤 – anglais 🇬🇧 – italien Lv2 puis LV1 en terminal 🇨🇮/ Université => italien LLCE puis master MEEF (enseignant) 🇨🇮 – options espagnol 🇪🇸 et anglais 🇬🇧 / Pour le plaisir, par curiosité et pour les voyages – quelques mots de turc, arabe, polonais, portugais, russe, allemand et espagnol / Dans mon quotidien – enseignante d’italien à distance à mon compte 🇨🇮, recours au latin pour la grammaire italienne, espagnol 🇪🇸 , anglais 🇬🇧 pour faire des ponts entre les langues et l’italien et pour le plaisir.

Ressources utiles

Note de Jean-Luc Chevrier

Soyons réaliste, les langues à l’éducation nationale sont un concept monolingue anglais pour des raisons de facilité de gestion et de l’influence d’une élite politique formatée par le softpower américain. Le choix n’en est souvent pas un à moins de recourir à des compléments du secteur privé. La préparation au monde de demain (même d’aujourd’hui avec des sphères d’influences et d’activités de plus en plus différentes du passé) n’est pas pensée ni assurée, seule une politique uniforme et appauvrissante est programmée. De plus la traduction automatique sans langue tierce avance à grands pas et révolutionne l’usage des langues, rendant le besoin d’une langue » internationale » de plus en plus réduite. L’anglais générique et peu parlé est toutefois en France la norme imposée. Désormais n’étant plus avec le Brexit une langue officielle de l’union européenne, les esprits commencent à évoluer…

La différence se fera aussi plus tard sur les autres langues avec l’étiquette « j’ai pris espagnol parce que c’est facile » et la surabondance des étudiants de ces deux langues (anglais/espagnol) sur le marché du travail. Il faut peut-être plus préparer des enfants à apprendre intelligemment une langue pour poursuivre un parcours polyglotte plus tard sans difficulté et avec expérience plutôt que des choix frileux qui enferment dans un univers et choix restreint… Apprendre à apprendre !

Anglais, culture US mainstream, un modèle pour les jeunes ? Vraiment ? Un handicap est le formatage anglo-saxon dès l’enfance. Le “soft power” de l’anglais (venant principalement des États-Unis) a des aspects négatifs dans un concept de découverte interculturelle et d’ouverture sur le monde. Par sa prépondérance, il entraîne une discrimination linguistique à l’image de la France et de ses langues régionales et promeut la diffusion d’une forme de culture “internationale” de plus en plus contestée et contestable. 

Entre le cynisme, l’arrogance et le protectionnisme de l’Amérique de Trump, la violence d’un capitalisme assez destructeur et le fiasco de la démocratie anglaise mise à jour avec le Brexit, les standards culturels pauvres du show-biz à la Kardashian ou du rap violent et sexiste US véhiculés par la langue anglaise (il nous reste Harry Potter pour nous consoler 🙂 les images policées des pubs type “corporate” golf (comme si tout le monde jouait au golf et passait leur temps entre deux jets ou sirotent des cocktails coûteux dans des bars tous chics et identiques) miroir de l’ambition carriériste à la sauce Hollywood. De plus, les habitants des USA et de l’United Kingdom sont les pires communicants de la planète en ne souhaitant pas, en écrasante majorité, apprendre d’autres langues et considérant comme un dû l’effort des autres peuples dans un repli isolationniste flagrant (car leur culture est aujourd’hui menacée par la réalité de la démographie, le souhait de “relocalisation culturelle” de nombreux pays et le déclin de l’influence anglo-saxonne). 

Quel formatage de cerveau souhaitez-vous donc pour vos enfants, celui d’un futur consommateur de Coca-cola, Macdonald ou autre blockbuster à la gloire de l’armée américaine ou de la puissance des armes à feux ? Choisir une deuxième langue vivante peut revenir en effet à un choix de civilisation et d’ouverture réelle sur le monde…

Pour les très grands 🙂 Quelle langue choisir à l’export?

  • L’école
  • La maison
  • Les vacances (voyages à l’étranger)
  • Les sorties  (jeu de goûter d’anniversaires, expositions…)
  • Les clubs
  • Les classes d’immersion
  • Les baby & kid schools
  • Les écrans (dans les transports en commun, au salon, dans la chambre, en extérieur…)

Traditionnellement à l’école ou à la maison pour les familles mixtes ou natives et plus tard dans les centres de formation professionnelle. Or le modèle éducatif ne semble pas très efficace dans ce domaine (hors famille) et, de plus, la révolution digitale a multiplié les applications et cours de langues en ligne et induit un nouveau paradigme, celui de l’auto-apprentissage qui, s’il existait déjà auparavant pour les aficionados (avec des produits comme Assimil dès les années 20), se généralise en dehors de l’enseignement traditionnel et de la formation professionnelle. De nombreuses applications sont d’ailleurs conçues spécifiquement pour les enfants.

Note d’Anne-Charlotte Rouleau (0’bEinglish)

Où ? Mais sur vos écrans ! Je sais, la tendance actuelle est de limiter le temps d’exposition aux écrans. Mais, alors pourquoi ne pas conditionner l’accès aux écrans au fait que le contenu regardé soit en anglais ? Nous avons maintenant accès à du contenu anglais varié et de bonne qualité, et ce, de manière très facile. Cette nouvelle donne bouleverse tout en France où tout est doublé à la télévision depuis toujours et la loi Toubon en a fait une vertu. Les commandes sur internet permettent également de commander des livres en anglais beaucoup plus facilement. Les liseuses sont également un nouveau moyen de lire en anglais : les livres sont téléchargés en moins de 5 secondes, la police de caractères peut être agrandie (on peut lire sans ses lunettes), on n’a pas l’effet décourageant parfois devant les “gros” romans de plus de 500 pages : la liseuse pèse toujours le même poids dans le sac. Les lecteurs peuvent en outre accéder à la définition des mots en les effleurant simplement du doigt. Lire reste un moyen incontournable d’enrichir son vocabulaire et d’apprivoiser la structure syntaxique anglaise. Les enfants et les écrans

Note de Jean-Luc Chevrier

La bonne et nouvelle approche aujourd’hui est de ne pas réserver le temps d’apprentissage à des cours classiques seuls et ponctuels mais, à l’image du CPF pour les adultes, de considérer ces études comme un capital personnel à développer et étaler tout au long d’une vie (en commençant par l’enfance) tout en répartissant l’étude sur l’ensemble de son emploi du temps et des lieux divers (maison, vacances, transports en commun…). Repensons donc notre stratégie langue en sortant des idées anciennes et figées et envisageons l’activité plus comme un loisir et une habitude en veillant à laisser une part importante à la lecture ( meilleur outil d’acquisition de vocabulaire et si possible hors écran pour éviter la fatigue oculaire.

Un équilibre entre travail de fond, jeux et distractions est particulièrement important à respecter pour les grands comme les plus jeunes pour conserver et encourager la motivation, facteur clé d’un bon apprentissage. Le « cours de langue » doit, pour les enfants en particulier, être remplacé par « activités ludiques » et ne pas répondre à des objectifs de grands…

Le truc qui marche vraiment, c’est l’immersion avec les copains et copines de classe ! Elle déclenche une familiarité avec la langue et motive un max les enfants comme pour ce programme en Bretagne (pas besoin d’aller aux USA pour de l’anglais…) où, en immersion totale, on va découvrir, entre autres, les coquillages et leurs noms en anglais sur la plage. En individuel, on trouve des formules sympas dans des familles anglophones en France comme ici dans le Morbihan. Des initiatives innovantes existent aussi pour les jeunes comme à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine.

Les méthodes sont multiples et s’accumulent au long des années. Ne pas oublier que l’on n’a pas attendu les professeurs certifiés pour apprendre une langue durant les derniers millénaires… Certaines, ludiques, seront plus adaptées à l’enfant, car celui-ci présente des caractéristiques d’apprentissage différentes de l’adulte.

L’apprentissage est individuel. Ce qui marchera pour l’un ne marchera pas forcément pour l’autre. Les opportunités et les contraintes de la vie courante rythmeront aussi les parcours. Il est important de savoir que les enfants apprennent peut-être vite, mais oublient aussi, vite ! On est beaucoup, selon les âges, dans l’imitation et le jeu. Sortir de ces approches et penser comme pour les adultes est une source assurée d’échec. Le sujet méritant un long article à lui tout seul, nous donnerons ici un court résumé de quelques pistes à suivre :

Bonnes pratiques

Principes de base 

  • Beaucoup d’usage nécessaire
  • Principe de jeu
  • Découverte multilingue puis focus une langue
  • Apprendre à switcher
  • Des supports matériels pour éviter l’abstraction
  • La grammaire, on verra plus tard ou alors instinctive

La motivation

Trucs et astuces

  • Introduce your child to foreign-language picture books, videos, tapes, CDs, and TV shows geared toward young children.
  • Une langue étrangère et sa culture sont indissociables. Il est donc important que vous fassiez découvrir à votre enfant à quoi est associé ce langage, par exemple en lui faisant découvrir des plats typiques. Coca hamburger par exemple 🙂
  • Search the Web for foreign-culture sites that can be viewed a foreign language.
  • Walk through the ethnic foods department of a supermarket and look at labels; also sample native foods in restaurants and at home.
  • Chansons, comptines et histoire tout petits (3 ans)
  • Label household objects in a foreign language, and practice identifying them.
  • Invite guests who are fluent in other languages.
  • Help your child find an overseas pen pal
  • Les conseils d’Assimil

Moins bonne pratique:

  • Danger pour des enfants en difficultés
  • Le côté travail/pensum
  • La pression psychologique “pour réussir dans la vie…”
  • Difficulté de concentration et refus de contraintes
  • The risk of semi-lingualism

Quelques ressources :

L’apprentissage jeune et ses frais, ça peut coûter et ce multiplié par le nombre de rejetons ! Il y a d’ailleurs un véritable avantage social dans ce domaine pour les familles plus aisées, mais le développement d’applications démocratise la pratique et a changé ainsi la donne.

  • Avec de bons budgets, on accède à des formules privées ludiques et adaptées et des séjours linguistiques payants
  • Réduire les budgets avec des échanges comme avec des voisins étrangers (français contre anglais)
  • Les applications gratuites ou à moins de 10 euros par mois sont disponibles et efficaces si on fait les bons choix (un accompagnement est recommandé, mais certaines proposent des suivis très précis pour les parents). Attention à ne pas mettre la pression en mode trop « surveillance » et reproduire le schéma pédagogique de « notes » assez destructeur pour les langues
  • Les cours et exercices en ligne gratuits, ça existe !
  • Les correspondants et tuteurs en formule d’échange
  • La ou le baby-sitter prof de langue et autres étudiants, lycéens bilingues
  • Des échanges de séjour comme chez TalkTalk

Initier aux langues étrangères (au pluriel) dès le jeune âge pour jouer et développer des qualités sociales et cognitives est réellement un plus pour l’enfant !. Un démarrage à partir du CP (choix en général imposé de la langue par l’école…) est en réalité suffisant pour une ouverture à un multilinguisme plus poussé vers 10 ans selon les opportunités (voyages, familles…) et s’orienter vers un travail effectif vers 14 ans. Avant, l’apprentissage apporte de réels bénéfices, en particulier l’atout majeur de la familiarité avec cette matière qui fait tomber la fameuse « barrière de la langue » (surtout psychologique !) et qui fera aborder plus tard sans complexe une langue étrangère et son oral.

À cette étape envisager un parcours (en lien par exemple avec l’envie de voyage comme motivation ou les passe-temps) et une stratégie multilingue école, collège et domicile à développer tout au long de sa vie (mais en optant pour des objectifs raisonnables pour ne pas démotiver).

Toute langue pouvant s’apprendre correctement à tout âge, ne pas se focaliser sur la soi-disante importance de la précocité, mais plus sur les opportunités d’usage, la curiosité et la motivation pour compléter les choix imposés par l’enseignement scolaire. Apprendre en auto-apprentissage en toute liberté est d’ailleurs une école de maturité et d’ouverture sur le monde pour les jeunes et peut se faire à moindre coût en raison des outils du web maintenant disponibles et à petits prix.

Plus de langues et plus d’expériences vécues permettent aussi d’envisager à tout âge d’apprendre mieux n’importe quelle langue. C’est le bon réflexe à développer tout au long de l’enfance, mais sans pression excessive. 

2 réponses à « Apprendre une langue étrangère très tôt, la solution miracle ? »

  1. […] puis nous avons écrit un article à quatre mains sur la nécessité d’apprendre l’anglais. Nous avons échangé nos points de […]

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  2. […] puis nous avons écrit un article à quatre mains sur la nécessité d’apprendre l’anglais. Nous avons échangé nos points de […]

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